L’exploration des pratiques musicothérapeutiques d’Homo sapiens au Paléolithique supérieur dans la zone franco-cantabrique soulève des défis méthodologiques et conceptuels considérables. Ceux-ci sont exacerbés par un manque substantiel de données directes sur les pratiques thérapeutiques et le rôle de la musique dans ces sociétés anciennes. Notre analyse se concentre sur une période allant d’environ 36 000 à 12 000 AP, en excluant les Néandertaliens en raison du manque de données disponibles.
Bien que les preuves concrètes de l’utilisation thérapeutique ou préventive de la musique dans ces sociétés fassent défaut, nous avons exploré des pistes indirectes à partir des données archéologiques et des connaissances ethnographiques contemporaines. Cette démarche nous a permis d’approcher la question de la musicothérapie au Paléolithique avec prudence et discernement.
Textes © Patrick Kersalé 2025, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 9 janvier 2025.
Question initiale
État des lieux
Expression graphique et plastique des Paléolithiques
Conception de la maladie et thérapie
Pratiques “surnaturelles” ?
Un théâtre total
Les travaux de Iégor Reznikoff en archéoacoustique
Les instruments musicaux au Paléolithique
De la musicothérapie préventive à la musicothérapie active
De la communication inter-espèces à la communication humaine
La santé du groupe : une question de survie
À propos de l’existence de musiques
Conclusion
Pour aller plus loin
> Instruments de la préhistoire européenne
Les Paléolithiques (ici pour les « Hommes du Paléolithique supérieur de la zone franco-cantabrique ») pratiquaient-ils des thérapies incluant de la musique vocale et/ou instrumentale ?
Notre propos se concentrera exclusivement sur les Homo sapiens du Paléolithique supérieur de la zone Franco-Cantabrique, entre 36 000 à 12 000 AP (Avant le Présent), à l’exclusion des Néandertaliens, en raison du manque substantiel de données scientifiques les concernant. Il est à noter que ces Homo sapiens n’ont pas laissé de preuves concrètes qui pourraient témoigner de l’utilisation thérapeutique ou préventive de la musique ou du chant, mais des pistes indirectes à suivre et analyser. Les témoignages principaux que nous avons de cette période concernent principalement leurs peintures, sculptures, gravures, et du mobilier (pierres taillées, os ou ivoire façonné ou gravé, etc). En ce qui concerne les instruments de musique, ou du moins les outils sonores, les connaissances restent limitées à quelques artefacts découverts lors de fouilles archéologiques, tels que des sifflets fabriqués à partir de phalanges de renne, des flûtes en fémur d’ours, ivoire de mammouth, ulna d’oiseau (vautour, gypaète, cygne) une conque marine, ainsi qu’un rhombe dont l’usage comme tel n’est pas formellement établi. Quant aux pratiques vocales, malgré le caractère précurseur des travaux de Iégor Reznikoff, ces derniers s’avèrent insuffisants pour apporter une réponse complète à notre question initiale.
Ainsi, nous avons conscience que disserter sur la musicothérapie au Paléolithique supérieur demeure un exercice spéculatif.
Les raisons pour lesquelles Homo sapiens a peint certaines parois rocheuses des grottes en Europe durant le Paléolithique supérieur restent sujettes à débat parmi les chercheurs. Une théorie commune suggère que les peintures rupestres étaient associées à des pratiques rituelles ou spirituelles. Les grottes étaient peut-être considérées comme des lieux sacrés où les gens venaient communier avec des forces transcendantes ou exprimer leurs croyances religieuses. Les représentations d’animaux, d’êtres humains et de motifs abstraits pourraient avoir été liées à des mythes, des récits de chasse ou des rites de passage. Mais il est également possible que l’expression graphique (peintures rupestres, gravures, sculptures, modelage…) ait eu plusieurs fonctions simultanées, combinant des éléments de rituel, de magie, d’expression artistique et de communication sociale. L’une des thèses défendue par le préhistorien et mythologue Jean-Loïc le Quellec dans son ouvrage « La Caverne originelle. Art, mythes et premières humanités » est que les Homo sapiens auraient « illustré » leur mythologie.
Le lien entre le mythe et la maladie est observé dans certaines cultures du monde. Les mythes offrent des explications symboliques et narratives sur l’origine des maladies, leurs causes, leurs manifestations et leurs remèdes. La maladie est parfois perçue comme un déséquilibre entre l’Homme et les forces transcendantes. Elles peuvent être interprétées comme des punitions, des avertissements ou des épreuves. Les mythes fournissent également des modèles comportementaux, des rituels de guérison, ou des récits qui cherchent à donner un sens aux expériences de maladie et de souffrance, tout en encadrant les réponses sociales et individuelles à ces phénomènes. Ainsi, le mythe et la maladie sont intimement liés dans la manière dont les sociétés humaines comprennent, interprètent et traitent la santé et la maladie.
Nos connaissances à propos de la conception de la maladie chez les Paléolithiques est quasi inexistante. En l’absence de connaissances établies sur les agents pathogènes tels que les identifie la science contemporaine, il est plausible que les Hommes de cette période attribuaient chaque affection à des causes spirituelles ou à des violations de l’ordre naturel comme c’est encore le cas dans nombres de sociétés à travers le monde. L’iconographie pariétale montre des personnages, notamment des théranthropes, qui pourraient être des “praticiens ritualistes”. Comme le soulignait en 1998 Sophie De Beaune dans son article « Chamanisme et préhistoire. Un feuilleton à épisodes », chaque chercheur y est allé de sa théorie globalisante pour défendre l’existence d’un chamanisme ou d’un totémisme au Paléolithique supérieur. Même si chacun effleure une certaine vérité, il demeure difficile d’affirmer que les Hommes de cette période pratiquaient le chamanisme ou le totémisme. Etienne Patte1 écrivait quant à lui : « l’essentiel du chamanisme consiste en des voyages de l’esprit du chamane, entré en transe, soit à la recherche d’âmes, soit en vue d’obtenir des renseignements et la faveur du maître ou de la maîtresse des animaux pour le succès de la chasse ou de la pêche ou la venue de la pluie ; et il lui faut l’aide d’un esprit. Or, de tout cela, on ne peut rien savoir ».
Ainsi, ignorant tout de l’existence avérée de pratiques transcendantales, nous nous contenterons d’utiliser le terme “praticien ritualiste” qui désigner ceux qui étaient chargés de soigner leurs congénères.
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1. Patte 1960 : 172-173.
La littérature dite “scientifique” regorge de l’usage du terme “surnaturel”. Une ineptie totale ! En effet, existe-t-il autre chose que la nature ? L’humilité scientifique devrait consister à accepter nos limitations de la compréhension des phénomènes transcendentaux ainsi que la pauvreté des vocabulaires qui en qualifier les contours. Nous percevons aujourd’hui de manière aiguë, par exemple en physique quantique ou en cosmologie, l’étendue de notre ignorance. Les Paléolithiques avaient probablement une capacité à communiquer avec leur environnement naturel bien supérieure à celle de nos contemporains occidentaux. À en juger par la pertinence et la qualité des représentations graphiques et par les esquilles osseuses volontairement insérées dans les anfractuosités rocheuses, l’on peut même penser qu’une partie de leur énergie était centrée autour de cette communication avec la nature, fut-elle matérielle ou transcendante. L’invention de l’agriculture et de l’élevage a profondément transformé la relation de l’Homme à la nature. Seuls les peuples chasseurs-cueilleurs vivant en autarcie ont pu conserver un minimum de capacités de communication avec celle-ci. Les médiums les plus aguerris sont la preuve vivante de la capacité de communication avec la nature, sans limite d’espace ni de temps, ces deux notions étant d’ailleurs soumises à caution dans le monde quantique.
Si les Paléolithiques se sont exprimés graphiquement avec un tel talent sur les parois des grottes pour illustrer leurs mythes, il semble inimaginable que des aptitudes similaires n’aient pas été mobilisées au travers de récits mythologiques, de chants, de musique, de danse ou de pantomime. Les travaux de Marc Azéma et d’autres avant lui, parlent d’une « préhistoire du cinéma » ; nous préférons, quant à nous, l’expression « théâtre total » utilisé pour la danse classique indienne pour qualifier l’ensemble des ingrédients du discours composé de danse, de musique, de chant et de pantomime. Certes nous ne pouvons le prouver.
Iégor Reznikoff a étudié, dès 1983, à l’invitation du préhistorien Michel Dauvois, les résonances dans quelques grottes préhistoriques à peintures. Il a posé l’hypothèse que ces caractéristiques acoustiques n’étaient pas accidentelles, mais que les Hommes du Paléolithique auraient utilisé le son de manière ciblée lors de rituels ou d’autres activités significatives. Reznikoff présente cette découverte à l’Académie des sciences en 1987[1]. Ses travaux sont à l’origine du développement de l’archéoacoustique, branche de l’archéologie qui étudie l’acoustique en relation avec les sites et les objets archéologiques.
Il est ici question de la corrélation entre l’imagerie et l’acoustique. En conformité avec une tendance récurrente observée dans l’art pariétal préhistorique, les emplacements les plus richement décorés sont souvent ceux qui présentent les caractéristiques acoustiques les plus marquées. En effet, les larges surfaces planes permettent à la fois une large expression graphique et renvoient le son mieux que les surfaces poreuses, elles-mêmes inaptes à recevoir de larges fresques. Des niches ou des recoins de grottes, résonnant de manière distincte avec des sons évoquant des vocalisations animales, telles que les mugissements de bisons ou les hennissements de chevaux, sont fréquemment ornés de peintures rupestres. Des marques rouges placées à certains endroits semblent servir de points de repère pour identifier les zones d’amplification maximale du son.
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[1] Jean-Marie Piel, « Iégor Reznikoff - La grande résonance », in Diapason, no 485, octobre 2001, p. 8 et 9.
Les travaux les plus sérieux à propos des instruments de musique au Paléolithique sont sans doute ceux de Tinaig Clodoré-Tissot qui consacra sa thèse aux instruments de la Préhistoire européenne. Les typologies instrumentales pour lesquelles nous avons une certitude existentielle sont rares. Il s’agit essentiellement de lithophones (stalactites portant des traces de percussion), de flûtes et de sifflets en os, de conques, de racleurs et, sans certitude, de cornes et de rhombes. D’autres instruments éphémères ont probablement existé, mais comme ils étaient fabriqués dans des matériaux organiques, ils n’ont pas survécu. Une gravure pariétale de la Grotte des Trois Frères montre un théranthrope (corps humain et tête de bovidé cornu). Une large littérature évoque un possible arc-à-bouche , mais les plus récentes recherches battent cette théorie en brèche.
À la lumière de ces connaissances sur les instruments de musique au Paléolithique, on pourrait se demander quels instruments auraient pu être utilisés dans le cadre de rituels musicothérapeutiques. Il n’existe bien évidemment aucune réponse car l’iconographie paléolithique est muette sur ce sujet. Iégor Reznikoff a testé, avec sa voix grave, l’imitation de cris d’animaux au niveau des anfractuosités comportant des points rouges. Même s’il a pu constater le rôle amplificateur des divers lieux, ce n’est pas suffisant pour conclure. Seul l’indice peut être retenu.
Il est toutefois une leçon quasi universelle de l’anthropologie et de l’ethnomusicologie qui peut s’énoncer ainsi : « Il n’existe a pas de société sans récitations ou chants et plus précisément, il n’existe pas de rituel ou de célébration qui ne soit aussi sonore. » Si cette assertion se vérifie dans le monde contemporain et le monde connu par l’ethnographie, qu’en était-il des Paléolithiques ? Existait-il une forme de “thérapie ritualiste” ? Dans une telle hypothèse, le lieu de pratique n’était pas nécessairement celui des grottes car les Hommes n’y vivaient pas de manière continue même s’ils ont pu, lors de certaines périodes, y trouver refuge comme l’indiquent les milliers d’objets retrouvés dans certaines d’entre elles. Lorsque quelqu’un était “malade”, le “praticien ritualiste” devait pouvoir entrer en action n’importe où. Malheureusement, les Paléolithiques n’ont laissé aucun élément matériel permettant de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.
Si la maladie était perçue comme ayant une cause transcendante ou une réponse à une violation de l’ordre naturel, il est probable que tout un arsenal “multimédia” ait pu être mis en œuvre. Bien évidemment, la diversité des populations ainsi que le temps long du Paléolithique ne permettent pas de généraliser, mais de poser une hypothèse fondée sur la qualité de l’expression graphique, notamment des peintures pariétales. Des populations réalisant des peintures pariétales ont été étudiées depuis le XIXe siècle, notamment en Afrique, en Amérique et en Océanie. La plupart des productions graphiques étaient accompagnées de musique, de chants et de danse.
Les chamanes amazoniens avancent que le langage humain parlé établit une frontière distincte entre l’humanité et les autres espèces, mais soutiennent que, lorsqu’ils consomment certaines plantes modifiant la conscience, ils peuvent franchir cette barrière de communication et se synchroniser sur une même fréquence, leur permettant ainsi d’entrer en communication avec les composantes invisibles de la nature. En focalisant leur attention, ils constatent que telle ou telle essence animale ou végétale émet une mélodie ou une vibration spécifique. Le chaman s’efforce alors d’apprendre cette mélodie et de la reproduire afin de communiquer avec l’animal ou la plante.
Les chasseurs du Paléolithique possédaient très certainement une connaissance approfondie du monde animal sauvage. Cette connaissance, largement perdue par notre société technologique, pourrait être comparable à celle des communicateurs intuitifs animaliers qui interagissent avec des animaux domestiques tels que les chiens, les chats et les chevaux, et avec certains primates. Il est probable que les chasseurs paléolithiques aient été capables de réalisations que nous considérons aujourd’hui comme des prouesses de spécialistes. Le rejet intellectuel de telles capacités ne peut résulter que d’une sous-estimation des pleines potentialités de l’esprit humain et du fonctionnement même de l’univers.
La survie des groupes humains, estimé entre 20 et 50 individus, dépend de la santé physique et psychologique de chacun. On pourrait comparer leur taille à celle d’une PME de moins 49 personnes ! La Vie se maintient grâce à l’homéostasie au sens premier du terme. Qu’un organe soit défaillant et c’est tout le corps qui est en danger de mort. Il en est de même pour le groupe. La cohésion du groupe humain, étayée par l’énergie collective, se révèle essentielle pour maintenir un équilibre dynamique ; on pourrait alors parler d’ « homéostasie sociale ». Prendre soin de l’individu, c’est prendre soin du groupe et, a contrario, prendre soin du groupe c’est prendre soin des individus. On a donc affaire à une « homéostasie globale » qui s’étend de l’ADN au groupe social et vice-versa. Par analogie, il en est de même pour la musique : qu’un instrument de musique mal entretenu se désaccorde subitement et c’est la qualité musicale de l’orchestre qui est impactée.
La dynamique énergétique du groupe implique de facto une interdépendance de ses membres. La perte d’énergie d’un individu impacte le groupe, le rendant vulnérable aux défis extérieurs. Dans ce contexte, l’empathie joue elle aussi un rôle crucial. Elle permet de ressentir et de répondre aux besoins énergétiques des membres du groupe, renforçant ainsi la solidarité et la coopération, notamment lors des périodes où les ressources alimentaires sont limitées, notamment durant les saisons hivernales ou lors des déplacements collectifs.
Face au peu d’éléments dont nous disposons pour cette période, la question de l’existence de musique se pose. En effet, les « instruments » retrouvés pourraient n’être que des outils sonores de communication sans pour autant de produire de la musique.
Dos au mur, nous pourrions poser la question de deux manières différentes
Même si les préhistoriens contemporains sont peu adeptes du comparatisme, on ne connaît pas de société humaine au mode de vie traditionnel sans musique ni danse. Alors pourquoi en aurait-il été autrement au Paléolithique puisque nous avons la preuve de l’existence d’instruments de musique ? Autre donnée : grâce de mon expérience d’ethnomusicologue à travers le monde, je peux affirmer que la majeure partie des mélodies produites dans les sociétés au mode de vie traditionnel appartiennent initialement au répertoire chanté. Or, nous savons que les Paléolithiques jouaient de la flûte en os, un instrument mélodique. Certains chercheurs soutiennent même que le langage parlé aurait évolué à partir des capacités préexistantes au chant, avec des éléments musicaux (comme le rythme, la mélodie et l'intonation) qui ont évolué pour former la base du langage articulé.
Les chants polyphoniques pygmées, une société de chasseurs-cueilleurs, sont basés sur des onomatopées et sont donc non-signifiants par leur contenu sémantique.
Au sein de chaque groupe, il est plausible qu’au moins un individu ait été reconnu comme “praticien ritualiste”, chargé de veiller au bien-être énergétique de tous. Ce personnage aurait joué un rôle crucial dans la gestion des ressources énergétiques du groupe, contribuant ainsi à sa survie et son bien-être.
Cette dynamique énergétique collective transcende le simple aspect physique pour englober les dimensions psychologiques et sociales. La cohésion du groupe repose sur une sorte de contrat tacite où chacun s’engage à contribuer selon ses capacités tout en recevant un soutien en cas de besoin. Cette réciprocité énergétique renforce les liens interpersonnels et favorise la solidarité au sein du groupe.
Les rituels et pratiques cérémonielles, souvent associés aux grottes préhistoriques — même en l’absence de preuve — sont des moyens de réguler cette énergie collective. La musique, le chant, la danse et d’autres formes d’expression, dans un véritable « théâtre total », étaient peut-être utilisés pour canaliser, amplifier ou équilibrer les flux énergétiques au sein du groupe. Ces activités étaient probablement intégrées dans un cadre symbolique ou rituel visant à renforcer la cohésion sociale et à assurer le bien-être collectif.
Faute d’informations sur les aspects curatifs de la musique, considérons, a minima, l’approche préventive et la musique et la danse.
La musique et la danse au Paléolithique sont difficiles à prouver, mais il est probable qu'elles existaient pour maintenir l'homéostasie du groupe et la cohésion sociale, ce que l’on pourrait appeler une « musicothérapie hors cadre de soin ». Les instruments de musique retrouvés, comme la flûte en os, suggèrent que des pratiques musicales existaient. La musique et la danse jouaient un rôle crucial dans la gestion des ressources énergétiques du groupe, renforçant les liens sociaux, gérant le stress et offrant des moyens d'expression émotionnelle. Ces activités étaient probablement intégrées dans des rituels et pratiques cérémonielles pour assurer le bien-être collectif et la cohésion sociale.
Bien que l'exploration des pratiques musicothérapeutiques des Paléolithiques présente de nombreux défis méthodologiques et conceptuels, elle offre également des perspectives fascinantes sur la manière dont ces populations anciennes pouvaient percevoir l’homéostasie sociale et traiter la maladie. L'absence de preuves tangibles nous oblige à nous appuyer sur des indices indirects, tels que les artefacts archéologiques, les représentations plastiques et les connaissances ethnographiques si toutefois il est judicieux de faire usage du comparatisme.
Les grottes à peintures et les résonances acoustiques étudiées par certains chercheurs suggèrent que les pratiques rituelles et les expressions artistiques étaient intrinsèquement liées à la vie spirituelle et sociale de ces groupes humains. Ces lieux, avec leurs caractéristiques sonores particulières, pouvaient servir de cadre à des cérémonies visant à canaliser et à réguler l'énergie du groupe, un aspect essentiel à leur survie.
La figure du « praticien ritualiste » apparaît comme une hypothèse plausible pour expliquer la gestion de cette énergie collective, assurant ainsi le bien-être des membres du groupe. Ces praticiens, au travers de rituels accompagnés de musique, de chants ou de danses auraient pu jouer un rôle crucial dans la régulation de l’homéostasie corporelle et, par voie de conséquence, sociale.
Ainsi, même en l'absence de preuves directes de pratiques musicothérapeutiques, les indices disponibles nous permettent de suggérer une période paléolithique où l'expression plastique, la musique et les rituels jouaient un rôle central dans la vie quotidienne et la santé collective des communautés humaines.