Chanteuses du Viêt Nam septentrional


Ce PAE est un hommage aux femmes du Viêt Nam septentrional qui portent la mémoire séculaire de chants de la Chine médiévale puisque la plupart des ethnies auxquelles elles appartiennent sont venues de l'Empire du Milieu, certaines depuis plusieurs siècles. Elles parlent toutes des langues tonales, impliquant qu'il n'existe pas de mélodies composées pour chaque chant, mais des métriques poétiques avec des règles de positionnement des tons qui servent de fil conducteur à la ligne mélodique, un concept inconnu en Occident.

Nous avons arbitrairement opté pour un classement des ethnies et des chants par groupe linguistique.

 

Textes, photos, enregistrements, vidéos © Patrick Kersalé 1993-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 26 octobre 2024.


SOMMAIRE

Introduction

Tibéto-Birman

. Lô Lô

. Phù Lá

. Si La

Hmong-Mien

. Dao Kim Tiền

. Dao Rouge

. Hmong noir

 

Tai-Kadai

. Tày

. Lự

. Nùng An

. Giáy



Introduction

Le Viêt Nam est un pays de chanteur·euse·s. On trouve à la fois des chanteur·euse·s occasionnel.le.s et des artistes reconnus, à la fois dans l'ethnie majoritaire Viêt et chez les minorités ethniques. Les Viêt du nord ont développé, au fil des siècles, des formes populaires comme le chant alterné quan họ, savantes comme le ca trù, (ces deux formes classés par l'UNESCO) ou encore théâtrales comme le hát chèo aujourd'hui devenue quasi-savante. Mais ce sont peut-être les minorités ethniques septentrionales chez lesquelles existe la plus grande diversité de chants, eu égard à leur nombre et aux multiples variants locaux. Ces minorités, venues de Chine, plus rarement du Laos, installées dans les plaines ou les montagnes depuis un ou plusieurs siècles, certaines depuis au moins deux millénaires, connaissent un vaste répertoire de chants interprétés pour tout type d'occasions. Elles parlent des langues différentiées et, pour une même ethnie, existe des variants linguistiques, culturels ou vestimentaires notamment dus aux isolats. Certaines connaissent l'écriture, d'autres non.

Les chants de ces ethnies sont facilement identifiables pour une oreille exercée, même sans compréhension de la langue. Il s'agit de mélodies répétitives, structurées par la tonalité de la langue. En effet, personne ne compose de mélodies autour des textes, ce sont les mots, avec leur tonalité — neutre, montante, descendante, variable — qui “sculptent” la mélodie. La forme est toutefois encadrée par un schéma laissant peu de liberté à l’exécutant.e (le terme “exécutant.e” est choisi à dessein car il ne s’agit pas ici “d’interprètes”) en dehors de la hauteur du ton médian et du tempo. Ces schémas stricts sont à l’image de la structure sociale dans laquelle l’individu s’efface au profit de la collectivité. La règle sociétale est de ne pas de différencier, mais de se fondre dans la masse.

Si les femmes chantent, les hommes ne sont pas en reste pour leur donner la réponse dans le cadre des chants alternés. Au cours les collectages menés par GeoZik pendant plus d'une décennie, nous avons pu constater, qu'avec la modernisation de la société vietnamienne, les hommes rechignaient parfois à chanter, soit par pudeur, soit parce qu'ils ne savaient tout simplement plus.

Dans le cas de cette présentation, nous avons sélectionné des chants de onze “nationalités” (traduction de dân tộc, terminologie officielle du Viêt Nam) appartenant à quatre groupes linguistiques distincts :

  • Tibéto-Birman : Lô Lô, Phù Lá, Si La
  • Hmong-Mien : Dao Kim Tiền, Dao Ɖỏ, Hmong
  • Tai-Kadai : Tày, Lự, Nùng An, Giáy
  • Viétique ou Viêt-Muong : Mường

Les chanteuses présentées ici ne sont pas des professionnelles. Elles chantent dans le cadre familial et villageois lors des fêtes et cérémonies rituelles. Les plus talentueuses sont parfois invitées par le gouvernement à se produire sur un plateau de télévision ou lors de manifestations culturelles dans les grandes villes du pays.

Ces chants ont en commun de courtes sections de quelques secondes basées sur un seul souffle, suivies d’une longue respiration. La plupart de ces nationalités pratiquent (ou “pratiquaient”, selon le niveau de déperdition culturelle) le chant alterné lors des rituels amoureux. Mais ce n’est pas la seule forme, il en existe bien d’autres : berceuses, chants funèbres, chant pour “montrer le chemin” à l’âme du défunt, chants de mariage, chants de marieurs, chants de recommandation à la bien-aimée…

Ce qui caractérise aussi les femmes de cette région, ce sont leurs costumes traditionnels entièrement réalisés à la main. Entre la mise en culture des plantes fibreuses et tinctoriales, la fabrication des fils, le tissage, la coupe, la couture et la broderie, une année complète, voire plus, est nécessaire pour achever un seul vêtement. Rien d’étonnant alors que l’on rencontre partout, sur la route en train de marcher ou dans les villages, des femmes à l’ouvrage. Une véritable compétition est engagée entre elles. Si tous les costumes se ressemblent en apparence, dictés par les canons de la tradition, c’est dans les détails que se joue la compétition !

Ces tournages et enregistrements ont été effectués entre 1993 et 2005.


Tibéto-Birman

Lô Lô

 Femmes lô lô en costume traditionnel. © Patrick Kersalé 2002-2024.
Femmes lô lô en costume traditionnel. © Patrick Kersalé 2002-2024.

Les Lô Lô possèdent un large répertoire de chants d’amour. Selon la coutume, le garçon prend généralement l’initiative de venir chez la jeune fille. Mais comme il ne peut entrer de son plein gré dans la maison, il commence par chanter à l’extérieur et ce, jusqu’à ce que la maîtresse des lieux (généralement la jeune fille courtisée) le convie à entrer. Une fois dans la place, les tours de chants s’animent. Comme les Lô Lô vivent dans de hautes régions froides et humides, l’essentiel de ces manifestations se déroule à l’intérieur de l'habitat.

 Hommes lô lô en costume traditionnel. © Patrick Kersalé 2002-2024.
Hommes lô lô en costume traditionnel. © Patrick Kersalé 2002-2024.

Ce chant d’amour en duo est conduit selon la technique dite de l’écho. La chanteuse la plus âgée conduit le chant, l’autre suit. Il s’agit d’une pratique tout à fait commune dans cette aire géographique. Le chant s’articule autour d’une unique tierce mineure. Trois notes suffisent à son expression.

Dans son remarquable ouvrage ”Chants-Poèmes des monts et des eaux [1]”, Mireille Gansel apporte quelques précisions sur les chants d’amour des Lô Lô :

 

« Les chants d’amour chez les Lo Lo constituent un genre assez riche quant au fond ; pour ce qui est de la forme, ce sont souvent des chants alternés avec réponse, comptant mille quatre cents vers de cinq mots. Ils décrivent les différentes étapes : découverte et connaissance, amour, quête du bonheur, liens et devoirs envers les époux. »

 

Les Lô Lô de ce village nous ont dit avoir répertorié 29 chants de mariage et 36 chants funèbres.

 

[1] GANSEL Mireille. Chants_Poèmes des monts et des eaux — Anthologie des littératures orales des ethnies du Viêtnam. Sudestasie / UNESCO. 1986. p. 159. On y trouve notamment des traductions françaises de chants lô lô.

Lieu & date : Viêt Nam. Province de Hà Giang. District et commune éponyme de Mèo Vạc. Février 2002. Durée : 03:15. © Patrick Kersalé 2002-2024.


Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure environ 10 s. 
Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure environ 10 s. 

Phù Lá

Les chanteuses si la (à G. Ly Cô Kuyên, à D. Hù Cô Xi) écoutant pour la première fois de leur vie l’enregistrement de leur propre voix. © Patrick Kersalé 2001-2024.
Les chanteuses si la (à G. Ly Cô Kuyên, à D. Hù Cô Xi) écoutant pour la première fois de leur vie l’enregistrement de leur propre voix. © Patrick Kersalé 2001-2024.

Les Phù Lá sont environ 7 000 au Viêt Nam. Ils résident dans les provinces de Lai Châu, Sơn La, Lào Cai et Hà Giang. Leur langue appartient au groupe linguistique tibéto-birman. Ils sont animistes.

Ceux qui font l’objet de cette séquence construisent leur maison de plain-pied. D’autres, ailleurs, bâtissent sur pilotis.

 

Le chant que nous présentons ici est un fragment d’une pièce plus longue. Il est singulier quant à sa mélodie : la voix de poitrine attaque puissamment en portamento sur une quarte donnant lieu à une tenue de quelques secondes puis un second portamento sur un intervalle d’octave ou de onzième avec parfois une étape intermédiaire à la seconde. Le chant alterne entre voix de poitrine et tête. Puis le texte prend forme pour retomber enfin en voix de poitrine à un niveau sonore plus faible. Le tout sur une durée de 15 à 17 secondes. Dans les attaques, les deux voix sont légèrement décalées, en forme d’écho puisque l’une des filles conduit le chant et l’autre la suit. Toutefois, dans la partie versifiée, les deux protagonistes chantent ensemble, tendant à prouver qu’elles connaissent le texte l’une et l’autre. On peut également remarquer qu’une fois sur deux, les fins de phrases diffèrent, ce qui conduit à penser, sans connaître la structure du texte, que la phraséologie fonctionne sur deux vers. 

 

Lieu & date : Viêt Nam. Province de Lai Châu. District de Tam Đường. Village de Ban Hon. Février 2002. Durée : 02:49. © Patrick Kersalé 2002-2024.


Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure entre 15 et 17 secondes.
Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure entre 15 et 17 secondes.

Si La

Les chanteuses si la (à G. Ly Cô Kuyên, à D. Hù Cô Xi) écoutant pour la première fois de leur vie l’enregistrement de leur propre voix. © Patrick Kersalé 2001-2024.
Les chanteuses si la (à G. Ly Cô Kuyên, à D. Hù Cô Xi) écoutant pour la première fois de leur vie l’enregistrement de leur propre voix. © Patrick Kersalé 2001-2024.

Le répertoire chanté des Si La se compose de chants à contenu historique exécutés lors du Nouvel An et des chants alternés exaltant l’amour, la fidélité et la beauté de la nature.

À l’instar du chant des Lô Lô décrits plus hauts, ce chant en duo est conduit selon la technique dite de l’écho. La chanteuse à gauche de l’écran conduit le chant avec une voix de poitrine tendue tandis que celle de droite la suit d’une voix de poitrine douce. Le chant se caractérise par la production d’intervalles ascendants de quintes et de quintes augmentées, de tierces majeures et de brefs portamentos descendants.

Lieu & date : Viêt Nam. Commune de Xi Tho Chai. Février 2001.

Durée : 03:10. © Patrick Kersalé 2002-2024.


Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure entre 6 et 9 secondes.
Spectrogramme complet du chant. Chaque phrase dure entre 6 et 9 secondes.


Hmong-Mien

Dao Kim Tiền

À gauche la chanteuse Tâu Thi Linh et à droite Phan Thi Luau avec leur support de coiffe en argent. La femme au centre porte la coiffe indigo mise en volume par ce dispositif ornemental. © Patrick Kersalé 2005-2024.
À gauche la chanteuse Tâu Thi Linh et à droite Phan Thi Luau avec leur support de coiffe en argent. La femme au centre porte la coiffe indigo mise en volume par ce dispositif ornemental. © Patrick Kersalé 2005-2024.

Les femmes Dao Kim Tiền portent sur la tête un support en argent sur lequel repose un voile indigo, tel qu’on peut le voir sur la photo centrale ci-dessous.

Une fois encore, nous avons affaire à un chant d’amour en écho. Ici, un fragment seulement. Comme les Dao parlent une langue tonale, ce sont les tons de la langue qui infléchissent la mélodie. En effet, on ne peut imaginer, par exemple, qu’un ton montant puisse être traduit par une mélodie descendante. Le sens du mot chanté serait perdu. En revanche, une fois le mot chanté, et donc compris, la chanteuse à tout le loisir d’ornementer sa phrase de trémulations rapides caractéristiques des chants dao de cette région.

Lieu & date : Viêt Nam. Province de Lai Châu. District de Tam Đường. Hameau de Chu Lên. 2005. Durée : 01:55. © Patrick Kersalé 2005-2024.


Dao Rouge

La chanteuse Ly Ta May. © Patrick Kersalé 2005-2024.
La chanteuse Ly Ta May. © Patrick Kersalé 2005-2024.

Les Dao Rouges (en vietnamien Dao Ɖỏ, litt. Rouges, prononcer dzaô do) doivent leur appellation à la couleur de leur turban. Généralement, les femmes portent un pantalon et une longue tunique fendue sur le devant.

La chanteuse Ly Ta May, âgée de 20 ans, a transcrit sur un cahier ce chant qu’elle produit dans le cadre intime de sa maison de plain-pied. Le logis vit au rythme des conversations de la famille et du voisinage, de l’indispensable machine à coudre à pédale et de la déambulation de la volaille (les plans de coupes appartiennent, sans fantaisie aucune, à ces instants de tournage à deux caméras !).

Au code temporel 02:21, on peut suivre les paroles du chant transcrites en caractères latins, à l’instar de la langue vietnamienne contemporaine, assortis des accents de la langue tonale. Une voyelle ou un groupe de voyelles avec un accent aigu indique un ton montant, un accent grave, un ton descendant ; le ton neutre est caractérisé par une voyelle sans accent. La mélodie suit ce même principe. Quant à l’accent circonflexe, il modifie l’ouverture de la voyelle et non la tonalité du mot. Nous vous invitons à tester plusieurs fois consécutives, cette lecture-audition et à vous aider, le cas échéant, de la copie de l’extrait ci-dessous.

Lieu & date : Viêt Nam. Province de Lào Cai. Commune de Sa Pa. Hameau de Tả Phìn. Novembre 2005. Durée : 02:52. © Patrick Kersalé 2005-2024.



Hmong noir

La chanteuse Tran Thị My. © Patrick Kersalé 2005-2024.
La chanteuse Tran Thị My. © Patrick Kersalé 2005-2024.

Cette berceuse est chantée par une jeune femme de l'ethnie hmong noir. Les paroles nous plongent dans leur réalité sociale…

 

Autour de l’ancien village hmong, il flâne.

Autour de la maison, il déambule.

Autour du jardin, il erre.

Autour des vertes collines, il tourne.

Il entrevoit seulement quelques lumières.

Elle n’est pas là…

Au long du sentier, il s’en retourne.

Il découvre qu’elle est devenue belle-fille dans une autre famille. 

Au long du chemin, il s’en retourne.

Il s’aperçoit qu’elle est devenue belle-fille chez des inconnus.

Il s’écrie :

« Ô ma Belle ! Ô ma Belle !

Laisse-moi parler à mes parents !

Ils me donneront l’argent pour doter ta famille.

Douce belle-fille, chez moi tu reviendras.

Laisse-moi convaincre mes parents de me donner l’argent pour doter ta famille.

Douce belle-fille, chez moi tu demeureras. »

Le garçon fait mine de se promener dans les collines.

Il regarde la belle travailler au champ pour nourrir son époux.

Le garçon fait semblant de se promener le long du ruisseau.

Il observe la belle travailler au champ pour vêtir son mari.

Le garçon dit :

« Ô ma Belle !

Depuis longtemps, ô ma Belle, de belles amours nous avons vécues.

Maintenant que tu es mariée, t’aimer je ne puis.

Donne-moi d’anciens effets afin de couper ce lien. »

 


Lieu & date : Viêt Nam. Hameau de Ban Suoi Thau. Novembre 2005.

Durée : 04:32. © Patrick Kersalé 2005-2024.



Tai-Kadai

Tày

Ce chant à caractère champêtre reflète la préocupation première des paysans : la riziculture. « Le riz du cinquième mois est déjà mûr. Sur les versants des collines, les épis dorés sont pleins. Mes sœurs, allons rentrer la récolte. Faisons d’abord la moisson dans les champs où le riz est mûr. Après la moisson, nous préparerons de nouveau le champ pour la prochaine récolte. Toi, tu laboureras, moi, je piocherai à la main et soignerai les plantes. L’un labourera, l’autre repiquera, enlèvera les mauvaises herbes afin que les plants de riz recouvrent tout le terrain du village et que tout le monde puisse de nouveau faire la moisson du cinquième mois. »

 

Lieu & date : Viêt Nam. District de Đông Khê. Village de Lê Lai. Hameau de Tran Quyên. 1997. Durée : 00:58. © Patrick Kersalé 2005-2024.


Lự

Les Lự (prononcer lou) sont tout au plus 4 000 au Viêt Nam. Les femmes ont la particularité de se laquer les dents en noir et de porter une coiffure qui rend leur regard dissymétrique. Dans leur village, ces intervenants sont reconnus pour leurs compétences artistiques traditionnelles. Ils se produisent à la fois dans le village, à l’échelon provincial, parfois national.

Ils interprètent ici un chant accompagné de deux aérophones à anche libre communs dans cette région du monde. Les instruments sont de taille différente. Le plus grand est nommé pí me ( désigne cet instrument en général et , la mère), le plus petit pí pu (pu : homme). Ce type d’ensemble se produit lors des mariages et durant le Nouvel An.

La présente séquence a été organisée pour les nécessités de notre tournage.


Lieu & date : Viêt Nam. Province de Lai Châu. District de Tam Đường. Village de Ban Hon. Février 2002. Durée : 04:27. © Patrick Kersalé 2002-2024.


 

La séquence pas-à-pas

00’00 - Paysages karstiques grandioses de la région, résultats d’une érosion hydrochimique et hydraulique des roches solubles, principalement calcaires.

00:42 - La chanteuse aux dents laquées et les deux joueurs de pí.

00:55 - Maisons sur pilotis typiques de ce village traditionnel qui en compte une centaine.

00:59 - Ce village n’avait pas l’électricité du réseau à l’époque de notre tournage. Toutes les activités domestiques sont réalisées manuellement comme ici le battage de soja.

01:30 - Le buffle représente une richesse inestimable car il permet le labour des rizières. À défaut, ce sont les hommes ou les femmes qui tractent les outils aratoires. On remarquera la cloche en bambou à deux battants externes, typique du sud-est asiatique.

01:39 - Joueur de pí pu. On remarquera que le musicien n’utilise pas la technique du souffle continu pratiqué sur les hautbois de la région.

02:27 - Dents laquées et regard dissymétrique, conséquence de la coiffure tirant invariablement sur la gauche.

02:38 - Pièces d’étoffe teintes à l’indigo cultivé dans la région. Les femmes lự portent le costume traditionnel au quotidien.

02:52 - Broderies et bijoux en argent.

03:01 - Le réservoir d’eau du quartier.

03:05 - Graines de soja après battage. Les cosses résiduelles sont enlevées manuellement puis les graines vannées.

 

Nùng An

Les chanteuses. © Patrick Kersalé 1993-2024.
Les chanteuses. © Patrick Kersalé 1993-2024.

Ce chant d'amour est chanté avec une voix de gorge tendue. Cette forme expressive (xi ou sli) est utilisée pour chanter l’amour, les difficultés et les joies de la vie quotidienne. Il est interprété soit par deux jeunes filles, soit par deux jeunes garçons, plus rarement par un couple mixte.

La première voix attaque en solo, puis quelques secondes plus tard, la seconde, de même intensité et de même timbre la rejoint à l'unisson. La seconde voix évolue soit par arpèges soit par portamenti et deportamenti partant de la tonique, de la tierce ou de la quinte, ces trois notes constituant les piliers mélodiques. Après une trentaine de secondes de chants entrecroisés, les deux interprètes s'arrêtent simultanément à l'unisson, à bout de souffle, pour reprendre quelques secondes plus tard. On distingue deux types d'entrelacement des voix :

  • la première voix chante un bourdon à la tonique tandis que la seconde évolue entre la tonique et la quinte ;
  • les deux voix modulent en entrelacement entre la tonique et la quinte.

Lieu & date : Viêt Nam. Province de Cao Bằng. Hameau de Lạn Trên. Mars 1993. Durée : 02:39. © Patrick Kersalé 1993-2024.


Giáy

Chant d'accueil

Chant d'accueil et de salutations adressées aux invités : « Restez avec nous pour passer un moment joyeux. Nous vous souhaitons bon voyage. » Il est interprété à deux voix. Chaque note est presque toujours liée à la suivante par un portamento, un deportamento ou un mélisme. Les chanteuses passent alternativement de la voix de tête à la voix de poitrine. L'échelle est tétratonique.

 

Lieu & date : Viêt Nam. Prov. Lai Châu. District, vill. Tam Đường, 1997.

Chanteuses : Minh Thị Lý & Thanh Thị Hoa. Durée : 03:43. © P. Kersalé 1997-2024.



Viétique

Mường

Berceuse : « Dors mon enfant, dors. Tes parents sont maintenant aux champs. Ils viendront tout à l'heure te donner à manger. »

La mélodie, agrémentée de quelques mélismes, est chantée sur un ambitus étroit autour du ton médian de la langue. Il n'y a en réalité aucune mélodie apprise, seulement une phraséologie musicale dictée par la tonalité de chaque mot. Certains tons sont montants, d'autres descendants, d'autres encore, variables.

 

Lieu & date : Viêt Nam. Prov. Hòa Bình. Village de Quy Mỹ. Hameau de Mường By. 8 octobre 1995. Chanteuse : Bui Thu. Durée : 00:47. 

© Patrick Kersalé 1995-2024.