On ne compte plus aujourd’hui les publications ludiques et scientifiques sur cet animal mythique. Le loup à la fois fascine et effraie. Nos enfants, en sécurité derrière la porte de leur logis, aiment à se faire peur à coup de contes lupins. Tant de choses justes et erronées ont été dites à son sujet au cours des âges que peu d’entre nous savent véritablement où se situe la vérité.
Le loup a été absent de France entre la Seconde Guerre mondiale et 1992, année de sa réapparition dans le Parc du Mercantour. Depuis, une autre page de sa longue s’écrit au quotidien, principalement par ceux qui en font les frais : les bergers. Dans ce monde réel, on ne se prend plus à rêver, mais on lutte, on s’organise stratégiquement et juridiquement.
L'Homme et le loup partagent les mêmes terres, le même gibier et les mêmes animaux domestiqués ; il est à ce titre un sujet de discorde nationale. Nous avons souhaité, par-delà la musique, offrir des témoignages différents afin que chacun puisse entendre les points de vues éclairés de ceux qui ont une connaissance historique, biologique ou encore symbolique de ce super prédateur et ainsi se forger une opinion. Le débat est ouvert. Il constituera sans doute, pour les enseignants, en quelque matière que ce soit, un outil et un modèle de réflexion.
Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 2009-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 29 août 2024.
SOMMAIRE
. L'image du loup à travers les âges
. Le loup à travers les dictionnaires
. Le loup et le progrès
Le loup à travers les croyances bretonnes
. L’histoire
. Saint Hervé
. Protections matérielles et spirituelles
. La danse du loup
. Lamentations funèbres
par Claude d’Anthenaise
Lieu et date : Paris, Septembre 2009.
Durée : 04:35. © Patrick Kersalé 2009-2024.
À l'époque de notre tournage, Claude d’Anthenaise était le Conservateur du Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. Il retrace synthétiquement l’image du loup, de l’Antiquité à nos jours et nous fait découvrir la très belle sculpture d’un artiste de Bohème aux caractéristiques rares (photo ci-dessous).
La séquence…
Cette statue est l’œuvre d’un artiste de Bohème. Il tient un mouton sur les épaules, représentation assez classique. Mais ce qui l’est moins, c’est qu’il foule aux pieds un loup. On voit, à travers cette sculpture, comment l’Église catholique a dévalorisé l’image du loup.
Sous l’Antiquité, le statut du loup est ambivalent : on trouve un loup positif et un loup négatif. La louve positive par excellence, c’est la louve romaine qui recueille Romulus et Rémus, les élève et leur permet de survivre. Sous l’influence des pères de l’Église, ce statut plutôt honorable va disparaître au profit de l’image moyenâgeuse du grand méchant loup. Pourquoi ? Parce que par définition, le loup est le dévoreur de l’agneau, il s’en prend au troupeau. Mais comme dans cette symbolique médiévale chaque composante de la nature est l’expression de quelque chose de plus important, quelque chose que Dieu veut nous exprimer, l’agneau est perçu par les pères de l’Église et par l’ensemble de la population cultivée au Moyen Âge comme le symbole du Christ. Ainsi le loup, dévoreur du Christ, devient-il l’image du mal. Cette image va amener un changement de statut pour le loup, peu à peu dévalorisé. C’est ce qu’exprime cette statue puisque, foulant aux pieds le loup, elle foule le démon. Cette pensée est majoritaire durant toute la période où l’institution et la culture sont majoritairement dominées par l’Église, c’est-à-dire jusqu’à la fin du Moyen Âge. À l’époque classique, elle ne sera pas vraiment remise en cause. Le loup est devenu une espèce beaucoup plus agressive vis-à-vis de l’homme puisqu’à la fin du Moyen Âge, il advint tout une série de troubles civils, de guerres, de pestes, de désordres qui ont entraîné une faiblesse de l’espèce humaine et de la société. On voit comment, à Paris par exemple, les loups sont rentrés dans la ville et s’en sont pris à une population désarmée et affaiblie.
Sous l’effet des pères de l’Église et de toute cette culture chrétienne qui va devenir dominante au Moyen Âge, les animaux changent de statut. Il est symptomatique de voir que le cerf, qui n’a pas un statut très établi sous l’Antiquité parce qu’il n’est pas l’animal noble par excellence, va être promu au sommet de la hiérarchie du monde animal. Pourquoi ? Parce que le cerf est identifié au Christ. C’est ce qu’exprime la légende de St Hubert où le Christ en croix apparaît dans les bois du cerf. De l’autre côté de l’échelle, le loup, qui n’avait lui aussi pas un statut très bien établi sous l’Antiquité puisqu’il pouvait être positif ou négatif, va être dévalorisé et devenir l’infâme loup, au plus bas de la hiérarchie animale, l’image du démon. Au Moyen Âge, toutes les composantes de la nature, tous les animaux ne valent pas seulement pour eux-mêmes, mais sont perçus comme une sorte de rébus à interpréter, symbole d’une réalité supérieure d’ordre métaphysique. Chaque animal, chaque plante possède un sens caché. Ainsi les contemporains, au Moyen Âge, s’interrogent sur le statut du loup, expression du démon puisqu’il s’en prend au mouton, image du Christ.
Ce qui est caractéristique de notre époque, c’est que nous n’avons plus cette proximité de l’animal en général et du loup en particulier, puisque rare. Cette distance permet d’idéaliser les choses. Le loup n’est pus cette bête effroyable objet des peurs de nos campagnes. Il a été peu à peu réhabilité, anthropomorphisé. On s’imagine que le loup n’est pas autre chose qu’un gentil chien qui vivrait en liberté. Cette transformation de l’image amène les gens qui ne sont pas en contact avec l’espèce à souhaiter son retour.
par Jean Pruvost
Date : Paris, Décembre 2009.
Durée : 21:22. © Patrick Kersalé 2009-2024.
Jean Pruvost nous propose une approche originale et non moins humoristique du loup depuis le Dictionnaire des Épithètes de Maurice de la Porte en 1571 jusqu’au XXème siècle.
La séquence…
00:00 - XVIème siècle
02:18 - XVIIème siècle
10:44 - XVIIIème siècle
14:15 - XIXème siècle
16:17 - XXème siècle
Jean Pruvost est un lexicologue français né le 30 décembre 1949 à Saint-Denis. Il a enseigné la lexicologie et la lexicographie à l'université de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), où, Professeur des universités, il dirigeait le master Sciences du langage et le laboratoire CNRS Lexiques dictionnaires informatique.
Chaque année depuis 1994, il organise La journée des dictionnaires, rendez-vous international de 400 lexicologues et lexicographes. Auteur de plus de 800 publications, il a écrit deux Que sais-je ? et obtenu le prix international Logos en 2000 pour son ouvrage Dictionnaires et nouvelles technologies ainsi que le prix de l’Académie française pour Les dictionnaires français, outils d’une langue et d’une culture.
Distingué par l’Académie française en 2006 pour Les Dictionnaires français, outils d’une langue et d’une culture puis, en 2019 avec la Grande Médaille de la Francophonie, Jean Pruvost, par ailleurs Directeur des Études de linguistique appliquée et grand collectionneur de dictionnaires, fait partie des références dans le domaine de l’histoire de la langue française.
par François de Beaulieu
Dates : entretien : avril 2010 ; autres images : 2009-2010.
Durée : 02:54. © Patrick Kersalé 2009-2024.
Le loup a assurément représenté un frein au progrès. Il préoccupa les hommes dans leur sécurité propre. L’Église s’est d’ailleurs emparée de son image pour le diaboliser et accentuer cette crainte. François de Beaulieu met en lumière la concomitance entre l’éradication du loup en Bretagne et l’arrivée du progrès technologique.
La séquence…
Le texte ci-après résulte de la présentation de François de Beaulieu.
Le loup a longtemps été un animal totémique. Les hommes admiraient ses qualités, ses vertus. C’est probablement pour cette raison qu’une grande ville comme Rome avait pour emblème une louve dans sa légende fondatrice. L’image négative du loup est venue avec la religion qui l’a érigé en symbole du diable. On trouve, y compris dans des vitraux en Bretagne, des images où l’on ne sait pas trop s’il s’agit d’un diable ou d’un loup. Peu à peu, on a fait d’un animal avec une image plutôt positive, un personnage diabolique et dangereux. Les tenants du progrès, de la raison, de la science, ont rajouté l’idée que le loup était effectivement un obstacle au développement d’agriculture moderne et qu’il fallait le détruire. Ceci a été très sensible en particulier dans la seconde moitié du XXe s. C’est au nom de ce progrès que l’on a utilisé tous les moyens pour le détruire. En Bretagne, il a quasiment disparu à la fin du XIXe s. sous l’effet du poison.
Le dernier loup primé par l’état pour destruction l’a été en 1885 dans la commune du Cloître-Saint-Thégonnec, où se trouve précisément aujourd’hui « le Musée du Loup ». Cette année-là commencent les travaux de la ligne de chemin de fer qui desservira la zone et marquera l’arrivée du progrès : transport de voyageurs, acheminement des engrais pour améliorer les terres à l’intérieur du pays… Ces terres vont être améliorées en défrichant les landes, milieu de vie du loup. Ainsi son territoire est peu à peu réduit et ses possibilités d’alimentation sur la faune sauvage se raréfieront.
par François de Beaulieu
Dates : entretien : avril 2010 ; autres images : 2009-2010.
Durée : 05:37. © Patrick Kersalé 2009-2024.
Le loup accompagnant un saint figure en bonne place dans les églises catholiques du centre Bretagne. François de Beaulieu a publié un remarquable ouvrage « Quand on parle du loup en Bretagne » dans lequel il évoque notamment le monde des croyances en relation avec le loup, animal craint par un monde rural pauvre et désarmé. À travers trois entretiens, il retrace succinctement l’histoire du loup dans les croyances depuis l’arrivée des moines évangélisateurs au Ve s. EC jusqu’à sa totale éradication au début du XXe s.
La séquence…
Le texte en caractères droits ci-après résulte de la présentation de François de Beaulieu. Le texte en italique représente un commentaire complémentaire.
À partir du Ve siècle, les Bretons d’outre Manche, ceux qui vivent dans l’actuel Pays de Galles, la Cornouailles, émigrent vers l’Armorique bretonne continentale. Ils sont ces chefs chrétiens qui vont fonder les paroisses où ils vont s’installer. Certains sont des ermites souhaitant vivre seuls. Souvent le peuple va les chercher pour les guider. Ils vont jouer un rôle fondamental dans cette installation et le peuple va les canoniser d’une certaine manière. Les moines s’établissent dans des ermitages (lann), terme racine à l’origine du nom de nombreuses communes avec ses variantes (Lannilis, Landerneau, Lampaul-Guimiliau…). Des moines-prêtres sont à l’origine du réseau des paroisses bretonnes constituées à partir des communautés de fidèles (ploue), terme racine, variant lui aussi, à l’origine des noms de communes (Plouezoc’h, Plougastel, Plogoff, Pluguffan, Ploemeur, Pleyben, Pleuven…).
L’Église ne va pas reconnaître ces saints canonisés par le peuple mais ils vont garder un pouvoir tel qu’ils vont donner lieu à des ouvrages comme « la vie des saints bretons ». Les moines vont, dans leurs monastères, écrire ces vies de saints et y rajouter toutes les légendes qui s’y greffent. Les noms des communes elles-mêmes vont continuer à faire vivre ces saints : St Thégonnec, Locronan, par exemple, rappellent le nom des saints, des fondateurs des paroisses ou des lieux où ils sont morts. Dans les églises, on voit beaucoup de saints accompagnés par des loups.
Dans la majorité des cas, les légendes mettant en scène des saints avec un cerf ou un loup dénotent que ces hommes ont fait reculer le monde sauvage. Ils étaient arrivés dans un pays dévasté où la population autochtone était certainement peu nombreuse, dispersée. Ils étaient des moines défricheurs qui allaient en particulier maîtriser les loups qui occupaient une place importante dans le paysage et représentaient un obstacle notamment à l’élevage des moutons. Il y avait des saints spécialisés qui savaient parler aux loups, leur faire fermer la gueule ou, comme saint Ronan, l’ouvrir pour relâcher leurs proies.
On a là un croisement étonnant avec le thème des meneurs de loups qui sont ces hommes que l’on jugeait, au XIXe s. encore, capables de mener des meutes de loups, de leur commander d’aller faire des dégâts chez les voisins. C’était là une sorte de dégradation de ces légendes très anciennes avec un lien très fort entre l’homme et la nature sauvage. Le loup-garou n’est pas un être malfaisant mais au contraire un être bienfaisant capable de s’identifier au monde animal, de le comprendre, d’aller vers lui pour assurer la fertilité du monde afin que les sociétés agricoles bénéficient d’un maximum de bienfaits de la nature. On rencontre, dans toute l’Europe, ces symboles d’hommes capables de dialoguer en rêve avec le monde sauvage afin d’obtenir des bienfaits pour la société à laquelle ils appartiennent. C’est pour cela que les premiers récits de loups-garous, comme celui se trouvant dans le lai de Marie de France, le Bisclavret, sont des loups-garous que l’on plaint parce qu’il leur arrive des malheurs en raison de leur capacité à se transformer en loup.
Bisclavret ou Bisclaveret est le nom breton pour le loup-garou. Le lai de Bisclavret est un texte où l'homme, atteint de lycanthropie, n'est pas considéré comme maléfique. Voici le résumé de l’histoire : « Bisclavret, bon seigneur, est ami du roi. Tout va bien dans son royaume, mais sa femme craint qu'il ne soit infidèle car il s'absente de temps à autre, durant deux à trois jours. Un jour, elle l'interroge. Le mari finit par lui révéler qu'il ôte, chaque soir de pleine lune, ses vêtements et les cache pour devenir loup-garou. Sous l'insistance de son épouse, Bisclavret lui révèle aussi sa cachette à vêtements. À peine est-il reparti qu'elle appelle un jeune chevalier dont elle avait toujours repoussé les faveurs. Elle lui révèle le secret et promet de l'épouser s’il vole les vêtements de son mari. Le méfait accompli, Bisclavret ne peut reprendre forme humaine.
Un an plus tard, alors que le roi chasse avec ses gens sur les terres de Bisclaveret, il voit le loup-garou. Il le prend en chasse. Alors que le loup-garou est acculé et sur le point d'être mis à mort, il aperçoit le roi, s'incline et lui demande grâce. Tout le monde s'en étonne. Le roi appelle tous ses compagnons et dit : « Seigneurs, venez voir ce prodige, regardez comment cette bête se prosterne ! Elle a l’intelligence d’un homme, elle implore ma grâce. Chassez-moi tous ces chiens en arrière et prenez garde que personne ne le frappe. Cette bête est dotée de sens et de raison. Dépêchez-vous ! Allons-nous en ! Je lui accorde ma protection. Je ne chasserai pas aujourd’hui. ».
Ce roi indulgent réunit ses seigneurs parmi lesquels se trouve le jeune chevalier. Bisclavret tente de l'attaquer, on le calme mais il montre ouvertement son hostilité. On se dit qu'assurément le jeune chevalier lui a causé quelque tort, et l'affaire en reste là.
Peu de temps après, le roi s’en va chasser avec Bisclavret dans la forêt, là où il l’avait trouvé. La nuit, il loge dans le pays. La femme de Bisclavret, informée, s’habille somptueusement, vient trouver le roi et lui fait don de riches présents. Quand Bisclavret la voit arriver, personne ne peut le retenir : il se précipite sur elle comme un enragé et lui arrache le nez.
Quelqu'un remarque alors qu'il n'a montré d'hostilité que pour elle et son époux. On les torture alors et ils avouent leur méfait. On les somme de rendre les vêtements, ce qu'ils font. Bisclavret est alors sauvé et redevient humain. Sa femme et le chevalier sont exilés. Ils ne donnent alors naissance qu'à des enfants sans nez. »
Un certain nombre de saints vont avoir cette capacité de protéger les hommes des loups et, au XIXe siècle encore, on recueillait des prières qui étaient dites par les bergers. Par exemple : « Grand Saint-Michel qui sait parler au loup noir, protégez-nous. » ou des prières à saint Invel, saint Thégonnec, saint Ronan…
par François de Beaulieu
La Bretagne compte sept saints, fondateurs des évêchés armoricains : saint Patern (Vannes), saint Corentin (Quimper), saint Brieuc, saint Tugdual (Tréguier), saint Samson (Dol), saint Malo, saint Pol Aurélien (Saint-Pol-de-Léon). Mais au delà de ces entités, près de 2000 saints non répertoriés par l’Eglise catholique romaine peuplent l’univers spirituel de la Bretagne. Un certain nombre de saints « spécialisés » sont aujourd’hui encore vénérés :
Saints protecteurs : saint Fiacre et saint Jacques veillent respectivement sur les jardins et les marins. Sainte Barbe est la patronne des pompiers et de ceux qui manient les explosifs…
Saints guérisseurs : saint Roch et saint Sébastien étaient jadis invoqués en temps de peste ; Saint Mamert, soigne les maux de ventre, saint Yvertin les maux de tête, sainte Apolline les maux de dents…
Saints vétérinaires : saint Cornély ou saint Herbot pour les bovins, saint Ildut pour les volailles, saint Gildas, saint Eloi, saint Hervé, pour les chevaux…
Saint Hervé est populaire dans le Léon, la Cornouaille et le pays de Saint-Brieuc. C'est le saint aveugle, patron des mendiants et des chanteurs nomades. Un jour, il se rend avec son guide, nommé Guiharan, à l'ermitage de son oncle Wlphroëdus ou Urfol, là où l'on voit maintenant sa chapelle et son tombeau, dans la paroisse du Bourg-Blanc, pour annoncer au saint Ermite la maladie et la mort prochaine de sa mère. Voici l’anecdote rapportée au XIIIe s. par le dominicain Albert Le Grand à ce sujet : « Saint Wlphroëdus se mit en chemin, ayant recommandé son petit domicile à son Néveu saint Hervé et à son guide Guiharan de parachever le labourage qui restait, lui laissant son Asne pour ce sujet. Le garçon fit tout comme on lui avait commandé, puis mena l'Asne paistre en quelques champs, où le loup, l'ayant trouvé à son avantage, le dévora. Guiharan, voyant cela et n'y pouvant remédier, se prit à crier et forhuer le Loup. Saint Hervé, qui lors estoit en prières dans l'Oratoire, entendant ce cry, sort dehors, et informé comme tout s'estoit passé, rentre dedans, redouble sa prière, priant Dieu de ne permettre, à son occasion, ce dommage arrivé à son bon Oncle et Hoste. Comme il prioit ainsi, voilà venu le Loup à grand erre, ce que voyant Guiharan crioit au saint qu'il fermast la porte de la Chapelle sur soy ; mais le saint luy répondit : Non, non, il ne vient pas pour mal faire, mais pour amender le tort qu'il nous a fait ; amenez-le, et vous en servez comme vous faisiez de l'Asne, ce qu'il fit ; et estoit chose admirable de voir ce Loup vivre en mesme estable avec les Moutons, sans leur mal faire, traîner la charrue, porter les faix et faire tout autre service comme une beste domestique ».
Dates : entretien : avril 2010 ; autres images : 2009-2010.
Durée : 03:04. © Patrick Kersalé 2009-2024.
La séquence pas-à-pas
Le texte ci-après résulte de la présentation de François de Beaulieu.
Saint Hervé est l’un des rares saints bretons à avoir une reconnaissance officielle. Non-voyant, patron des aveugles, il a inventé, si l’on peut dire, le premier chien d’aveugle puisque le loup qui le guidait, tenu en laisse comme on le voit sur un certain nombre de sculptures, avait ce rôle. Un jeune garçon l’accompagne parfois, ce qui constitue un trio dans les représentations iconographiques. Saint Hervé cultivait son champ avec un âne et un jour le loup vient à le manger. Saint Hervé condamne ce dernier à remplacer l’âne dans les tâches qui lui étaient dévolues.
Grâce à son statut d’aveugle, saint Hervé voit ce que personne ne voit. Il prédit l’avenir. Il existe un légendaire de St Hervé dans le Léon, là où il s’est déplacé : ici l’empreinte de son bâton, là la trace de la patte de son loup dans un rocher, son lit et son berceau dans une pierre creuse… La croyance populaire a greffé sur ce personnage une formidable légende rassemblant les croyances en cette alliance profonde entre la vieille tradition des bardes celtiques, personnages clés de la compréhension du monde naturel et ce lien profond entre la poésie, la musique et le loup, animal musical. Il existe en effet de nombreuses traditions marquant le rapport entre le loup et la musique : la nuit, le loup chante pour converser avec ses congénères ; on construisait des instruments de musique avec ses os et sa peau, des meneurs le guidait au son de la cornemuse ou de la flûte. La musique permet de communiquer avec la nature, de la guider, de la diriger, de la faire obéir.
par François de Beaulieu
Dates : entretien : avril 2010 ; autres images : 2009-2010.
Durée : 01:24. © Patrick Kersalé 2009-2024.
Pour se protéger des loups, les hommes ont imaginé de nombreux procédés matériels au rang desquels des dispositifs sonores (rhombe, corne, tuile sifflante, chants et frappements corporels…), lumineux (lampes ajourées, feux de bois…), pièges en tous genres… Mais la panoplie ne saurait être complète sans les pratiques spirituelles et ce, jusqu’à la fin du XIXe s.
La séquence…
Le texte ci-après résulte de la présentation de François de Beaulieu.
Au début du XIXe s., environ 500 loups peuplent le département du Finistère, mais les gens ont appris à vivre avec eux. Ils n’en ont pas peur car ils savent les loups méfiants à l’égard des hommes. Toutefois, ils apprennent à s’en défendre pour protéger leurs troupeaux.
À cette époque, existe un certain nombre de défenses concrètes, matérielles : on allume de grands feux aux carrefours en hiver, de gros chiens portent des colliers hérissés de pointes. On compte aussi sur la religion pour assurer une protection supplémentaire. Si le loup se montre, une étonnante pratique consiste à taper du pied et à faire une sorte de danse avec un chant destiné à alerter les voisins. On signale ainsi la présence d’un loup et le fait de frapper sur une pierre avec des sabots ferrés a pour vertu de l’éloigner.
par Claude-Youenn Roussel
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les paysans du Centre Bretagne pratiquent ce que l’on nomme communément « la danse du loup ». Avant et après la Révolution française, les paysans n’ont pas le droit de détenir des armes à feu. Aussi, pour se protéger des loups ou plus exactement les faire fuir, ils inventent une forme chantée et dansée. Claude-Youenn Roussel est historien, écrivain, musicologue, musicien à ses heures et surtout passionné de culture traditionnelle bretonne. Il a appris, dans les années 60, une version de ce chant et de cette danse de feu Lomic Doniou. Claude-Youenn Roussel ne pratique pas, bien évidemment, la danse du loup au quotidien, aussi ce témoignage demeure-t-il le souvenir d’une pratique ancienne restituée au plus juste de ce que la mémoire humaine a pu préserver à la fois du texte et de la mélodie. Que soient pardonnées les imperfections dues à l’érosion du temps. Nous avons toutefois la chance et le privilège de recevoir un tel témoignage en quasi ligne directe d’un passé à la fois si proche et déjà si lointain.
Dates : Le Cloître-Saint-Thégonnec (29), Juillet 2009.
Durée : 08:10. © Patrick Kersalé 2009-2024.
La séquence pas-à-pas
00:00 - La danse du loup proprement dite, avec traduction d’une partie des paroles.
01:25 - Sources de la connaissance de l’interprète.
02:16 - Structure.
03:37 - Les pas.
04:12 - Rôle.
05:16 - Du fonctionnel au divertissement.
06:13 - Sens des paroles.
par François de Beaulieu et Sylvain Macchi
Le loup est réapparu en 1992 dans le Parc du Mercantour. Depuis il n’a cessé de se propager et de se multiplier dans les Alpes françaises, occasionnant des dégâts à la fois sur la faune sauvage, le bétail ovin mais aussi bovin lorsqu’il ne trouve rien d’autre à le mettre sous les crocs. L’un d’entre eux a été tué en 2010 par une voiture sur le périphérique de Grenoble ! Le loup est un animal peureux mais stratège que rien n’arrête lorsqu’il a faim.
François de Beaulieu, ethnologue et Sylvain Macchi, responsable zootechnique du Parc du Gévaudan, dressent sans angélisme, mais avec pragmatisme, un portrait du paysage physique et mental de la France face à la progression géographique et démographique du super-prédateur.
Dates : entretiens : sept. 2009 & avr. 2010 ; autres images : 2009-2010.
Durée : 07:03. © Patrick Kersalé 2009-2024.
par Sylvain Macchi
Lieu & date : France, Les Loups du Gévaudan, Septembre 2009.
Durée : 04:16. © Patrick Kersalé 2009-2024.
Les connaissances scientifiques liées à l’expression vocale des animaux sont peu avancées. Concernant les loups, la langue française offrent un vocabulaire imagé, anthropomorphisé pour désigner ce que nous appellerons ici tout simplement sa « voix » : hurlement, aboiement, couinement, grondement, gémissement… Lorsque l’on a la chance, comme nous l’avons eu, d’enregistrer pendant plusieurs jours les loups (en captivité), on s’aperçoit, en comparant les enregistrements, de la richesse et de la diversité de leur expression vocale collective. On connaît les stimuli faisant réagir vocalement les loups, on sait les provoquer en les imitant ou en diffusant de véritables enregistrements de leurs propres voix, mais nul aujourd’hui ne sait véritablement décrypter le sens profond de chaque forme expressive. Sylvain Macchi fait le point sur les connaissances actuelles et nous livre sa propre expérience.
par Annette Jouvent
Lieu & date :Vercors., Juin 2010.
Durée : 07:24. © Patrick Kersalé 2010-2024.
Annette Jouvent, représentante de l’Association « Les éleveurs et bergers du Vercors Drôme-Isère », dresse un état des lieux de la problématique moderne de la réapparition du loup en France et son incompatibilité avec l’élevage ovin. Elle évoque avec force les conséquences inhérentes sur le tourisme et la sécurité même des randonneurs en montagne.
Si le loup sème le chaos dans les troupeaux, d’autres, semble-t-il, sèment eux aussi le chaos. Scientifiques et technocrates tentent de réorganiser “la vie sauvage”, de la remodeler “à la manière de”. Quelle prétention : homme-nature ! Si la nature s’organise avec une part irréfutable de chaos, l’équation comporte une infinité de paramètres. La mise en équation de quelques paramètres seulement est susceptible de bouleverser profondément la biodiversité des zones soumises à ce dictat.
François de Beaulieu montre, dans la séquence Le loup et le progrès, que ce super prédateur a été par le passé un frein au progrès proprement dit. On peut alors s’interroger sur la justification de l’acharnement mis par la France et l’Europe à conserver un tel prédateur sur notre territoire alors que toutes les forces vives sont concentrées sur le progrès technologique. La technologie viendra-t-elle au secours des bergers ? C’est en partie vrai puisque la France et l’Europe financent les nouvelles infrastructures dans les zones de présence du loup : parcs de contention de jour et de nuit, réserves d’eau et abreuvoirs, clôtures électriques avec panneaux solaires…
À propos de la Convention de Berne.
Nous vous proposons ici une histoire imaginaire, sous forme de conte, lien éventuel entre le présent PAE et Musiques du chaos (à venir).
On rencontre, à travers le monde, des peuples pratiquant des lamentations funèbres collectives chantées sous forme de polyphonie aléatoire à la manière des loups. Leur ressemblance frappante est à l’origine de ce texte.
« Il était une fois, à une époque où les humains vivaient encore de cueillette et de chasse, un homme, père d’une grande famille. Ses enfants étaient si nombreux que chaque soir, avant de se coucher, il se demandait comment il parviendrait à les nourrir tous le lendemain. Cet homme était certes bon chasseur, possédait des armes efficaces et des charmes magiques en quantité, mais il passait tellement de temps à débusquer le gibier que la tombée de la nuit avait souvent raison de sa ténacité.
Un jour où il guettait un bison affaibli par la maladie, il concentra son attention sur la stratégie d’attaque d’une meute de loups convoitant elle aussi cette énorme proie. Le bison était faible, mais nerveux. De la poussière montait tout autour de lui. Ses naseaux exhalaient un air rendu brûlant par la fièvre. Les loups, fort nombreux, l’encerclèrent et parvinrent à le mettre à bas malgré les ruades.
Les loups déclenchèrent une admiration certaine chez le chasseur. C’est alors qu’il se dit : « Si je parvenais à maîtriser ces loups, je n’aurais plus à m’inquiéter pour nourrir ma famille ! » Il lui vint alors une idée qui tombait à point nommé puisque c’était la saison des amours pour les loups. Voici ce qu’il fit.
Jour et nuit, il pista la meute de loup et l’observa avec l’œil aguerri du chasseur : intimidations, soumissions, combats, morsures, rien ne lui échappait. Il avait repéré un couple qui dominait tous les autres. Durant des semaines, il concentra son attention sur celui-ci. Un jour, il remarqua que le ventre de la louve dominante commençait à s’arrondir. Lui vint alors l’idée de se vêtir de feuillages et de s’enduire le corps d’excréments de loups afin de pouvoir approcher plus près la meute.
Un après-midi, il repéra le manège de la louve au gros ventre mais, miné par la fatigue, dans un moment d’inattention, il l’a perdit de vue. Sa ténacité n’en fut toutefois pas affectée. Telle est l’âme du chasseur, rompue à la patience.
Durant des jours, il l’attendit. Un soir, elle réapparut. Mais elle réapparut avec le ventre plat : ses louveteaux étaient nés ! Notre chasseur profita de l’une de ses absences pour s’introduire dans la tanière et subtiliser les louveteaux. Il les saisit un à un et les plongea dans sa gibecière. Le tour était joué. Il n’avait plus qu’à prendre le chemin du retour, fatigué mais heureux.
Dans l’abri-sous-roche où vivait sa famille, se trouvait une fosse naturelle où il y déposa les louveteaux. Les enfants affamés portaient un autre regard que leur père sur cet étrange gibier. Pauvre chasseur, il devait désormais satisfaire l’appétit de ses propres enfants et celui des louveteaux ! Concernant les louveteaux, il fut convenu que sa femme les allaiterait en même temps que leur dernier fils.
La nuit qui suivit cet évènement, la famille du chasseur entendit de longues plaintes aux confins de la forêt. Ces chants de pleurs étaient à n’en point douter, ceux d’une famille endeuillée. En de telles circonstances, tout témoin devait se rendre aux funérailles. Ainsi fut fait. Le lendemain matin, avant le lever du jour, une partie de la famille se mit en route, se laissant guider par le son des pleurs. Mais, chose étrange, ils avaient beau marcher droit devant eux, ils semblaient dériver. La famille s’arrêta, tendit l’oreille. Les pleurs changeaient de lieu. Le forêt était grande et résonnait. Il n’était pas facile de définir avec certitude la provenance du son. Jamais une telle chose ne s’étaient produite auparavant. La famille du chasseur se remit en marche, modifiant son itinéraire en fonction de la localisation des pleurs quand tout à coup, elle rencontra une autre famille venant d’une autre direction. Les uns et les autres procédèrent à de longues salutations rituelles avant de découvrir qu’ils avaient entendu ces mêmes lamentations mobiles. Où pouvait donc bien se trouver la famille endeuillée ? Devant tant de questions sans réponse, chacun décida de rentrer chez soi. Les nuits suivantes, les mêmes lamentations funèbres se firent entendre. Le chasseur et sa famille se trouvèrent plongés dans le plus grand embarras. La perplexité fit alors place à l’inquiétude. Les esprits auraient-ils frappé toutes les familles vivant dans le forêt. À quand leur tour ?
Le chasseur décida d’élucider le mystère. Par un soir de pleine lune, profitant du meilleur éclairage, il partit seul en direction de ce qui lui paraissait être le point central des lamentations des nuits précédentes. Arrivé dans les parages, il s’arrêta, se mit à couvert sous un rocher et attendit. Et s’il s’agissait d’une stratégie d’attaque d’un clan ennemi ? S’il reconnaissait la mélodie des chants funèbres, il n’en saisissait toutefois pas les paroles du fait de l’éloignement. Il espérait pouvoir comprendre le langage… Quand tout à coup, les chants se firent entendre, plus présents que jamais. Prudemment, le chasseur se mit en marche, la peur au ventre, tout sens en éveil, une lance à la main.
Les chants devenaient plus distincts encore. Son cœur se mit à battre de plus belle. Si la mélodie lui était familière, la langue, elle, lui était inconnue. C’est alors qu’il distingua quelques formes mouvantes faiblement éclairées par la lune filtrée par une épaisse futaie. Stupeur ! Une meute de loups chantait à tout rompre. Il resta là, médusé. Jamais auparavant il n’avait observé pareil manège. Il connaissait parfaitement les grognements caractéristiques des loups, mais jamais il ne les avait entendu chanter comme les humains.
Depuis ce jour, le loup hurle jour et nuit pour rappeler à homme son méfait.
Depuis ce jour, le loup fuit l’homme, lui dérobe ses brebis et parfois même ses enfants.
Depuis ce jour, le chien est le descendant des louveteaux dérobés par ce chasseur.
Aujourd’hui encore, le chien hurle à la manière du loup pour enseigner à sa descendance son origine lupine.
Aujourd’hui encore, le loup aboie pour rappeler au chien sa genèse et à l’homme son sacrilège.
Aujourd’hui encore, les loups et les hommes de tous les continents continuent de pleurer leurs enfants de manière similaire.
Depuis ces temps reculés, l’homme a chéri le chien mais pourchassé le loup au point de l’avoir exterminé de ses territoires naturels.
Le loup parviendra-t-il un jour à éveiller la compassion de l’homme ?
L’homme parviendra-t-il un jour à comprendre la douleur du loup ? »
Lieux & dates :
. Lamentations funèbres : Cambodge, province du Ratanakiri, mars 2010.Durée : 01:17. © Patrick Kersalé 2010-2024.
Pour illustrer ce propos de manière audiovisuelle, nous vous proposons un montage composé d’une véritable séquence de lamentations funèbres et de hurlements de loup. Le son est celui enregistré en direct dans l’une et l’autre des situations, il n’est affecté d’aucun trucage !
La séquence pas-à-pas
00:00 - Cette séquence a été tournée chez les Tampuan*, une population de langue mon-khmère majoritairement implantée dans la province du Ratanakiri au Cambodge. Les lamentations funèbres sont ici majoritairement chantées par des femmes devant la tombe mais des hommes y prennent également part. Au total, ces pleurs durèrent environ deux minutes. Une fois terminés, la totalité des participants se releva et regagna immédiatement le village.
00:34 - Ces hurlements ont été enregistrés de nuit dans l’annexe du parc des Loups du Gévaudan où vivent une soixantaine de loups de Mongolie.
par l’ensemble Balapat’
Lieu & date : Conservatoire de Nandy, Avril 2010.
Durée : 02:59. © Éditions Lugdivine 2010-2024.
L’ensemble Balapat’ propose une version recomposée par ses musiciens de la chanson « Mon père à tué le loup ». Elle met en scène musicalement et visuellement les divers instruments de l’orchestre.
Introduction
Ah dansons encore un petit
Ce petit branle si gentil
Mon père a tué le loup
Avec son grand bezi bezou
Refrain
Ah dansons encore un petit
Ce petit branle, ce petit branle
Ah dansons encore un petit
Ce petit branle si gentil
Couplets
1. Mon père a distrait le chat
Avec sa belle guitare basse
2. Mon père a ravi l’cochon
Avec son tout petit violon
3. Mon père a plu au coucou
Avec sa douce vielle à roue
4. Mon père a séduit la buse
Avec sa jolie cornemuse
5. Mon père a tué le loup
Avec son grand bezi bezou (bis)
par le chœur Du coq à l’âne
Le chœur « Du coq à l’âne » propose une courte pièce chantée à voix égales (femmes) puis à voix mixtes (hommes et femmes) sans accompagnement. Il s’agit d’une pièce traditionnelle de Bourgogne arrangée par Xavier le Diagon à partir de la version avec piano de Maurice Emmanuel.
Lieu & date : Dijon, Juin 2010.
Durée : 01:34. © Éditions Lugdivine 2010-2024.
Lieu & date : Dijon, Juin 2010.
Durée : 01:34. © Éditions Lugdivine 2010-2024.
J’ai vu le loup
J'ai vu le loup, le r'nard, le lièvre
J'ai vu le loup, le r'nard cheuler1
C'est moi-même qui les aie r'beuillés2
J'ai vu le loup, le r'nard, le lièvre
C'est moi-même qui les aie r'beuillés
J'ai vu le loup, le r'nard cheuler.
J'ai ouï le loup, le r'nard, le lièvre
J'ai ouï le loup, le r'nard chanter
C'est moi-même qui les aie r'chignés3
J'ai ouï le loup, le r'nard, le lièvre
C'est moi-même qui les aie r'chignés
J'ai ouï le loup, le r'nard chanter.
J'ai vu le loup, le r'nard, le lièvre
J'ai vu le loup, le r'nard danser
C'est moi-même qui les aie r'virés4
J'ai vu le loup, le r'nard, le lièvre
C'est moi-même qui les aie r'virés
J'ai vu le loup, le r'nard danser.
Miserere
1. cheuler : boire
2. rebeuiller : épier
3. rechigner : imiter, singer
4. revirer : éviter par crainte