Les flûtes de Pan, une famille d'instruments représentée sur les cinq continents, témoignent de l'universalité d'un concept musical simple mais ingénieux. L'exemple le plus ancien connu est une flûte en os datant du troisième millénaire AEC, découverte en Ukraine. La simplicité conceptuelle de l'instrument et sa vaste diffusion suggèrent que son invention ne peut être attribuée à une culture ou une région spécifique. Plusieurs foyers importants de développement se distinguent : la Grèce antique, berceau mythologique de l'instrument en Occident, suivie de Rome qui a contribué à sa diffusion en Europe et en Afrique du Nord par le biais de ses conquêtes. La Chine, l'Amérique du Sud et la Mélanésie constituent également des centres significatifs d'utilisation et d'évolution de cet instrument. La flûte de Pan se caractérise par une grande diversité de formes, de matériaux et de techniques de jeu selon les régions. Malgré son ancienneté, elle continue d'évoluer, passant d'un instrument pastoral à un instrument de concert, tout particulièrement avec le nai roumain. Cette répartition mondiale et cette diversité font des flûtes de Pan un fascinant témoignage de la créativité humaine et de l'universalité de la musique comme moyen d'expression culturelle.
GeoZik a entrepris ses premières recherches sur les flûtes de Pan du monde dès 1985.
Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 1985-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 20 octobre 2024.
SOMMAIRE
Les flûtes de Pan par continent
. Guyane - Indiens Tirio - pupu
. Bolivie - Indiens Aymara - julu-julu
. Bolivie - Indiens Aymara - antara kantu
. Bolivie - Indiens Aymara - antara llakita
. Pérou - Indiens Aymara - siku cairani
. Cambodge - Ethnie Jarai - đĭng djön
. Cambodge - Ethnie Kreung - het hot
. Angleterre - pandean pipe
. Espagne, Galice - siringa
. France - fresteu
. Italie - firlinfeu
. Portugal - gaita de amolador
. Roumanie - nai folklorique
. Roumanie - nai classique
. Iles Salomon, Malaita - Ethnie 'Are 'are - 'au waa
. Iles Salomon, Malaita - Ethnie 'Are 'are - 'au ware
Pour aller plus loin…
> Instruments du Moyen Âge européen/La flûte de
Pan
> Site web : Flûte de Pan
> Pan vs Apollon (bientôt)
Les flûtes de Pan se divisent en deux catégories principales : les flûtes polycalames et les flûtes monostructure. Les flûtes polycalames sont composées de plusieurs tuyaux assemblés, qui peuvent être organisés en différentes structures, telles que des arrangements en radeau, en courbe ou en faisceau. En revanche, les flûtes monostructure sont fabriquées à partir d'une seule pièce où les tubes sont intégrés. Les tuyaux peuvent être agencés de manière variée pour créer différentes gammes musicales, et ces instruments sont souvent dotés de bourdons ou de chalumeaux. Les matériaux utilisés pour leur fabrication varient également, incluant le bambou, le roseau, le bois et même des matériaux synthétiques.
On distingue deux types de flûtes de Pan : polycalames et monostructure.
Les flûtes polycalames sont constituées d'un assemblage de tuyaux organisés selon différentes structures :
Les flûtes de Pan monostructure se caractérisent par leur conception en une seule pièce, où les tubes sont intégrés directement dans le corps de l'instrument. Cette configuration unique permet une grande variété d'organisations des tubes, adaptées à différents besoins musicaux et culturels.
Les flûtes de Pan sont généralement constituées de bourdons (tuyaux fermés à l'extrémité inférieure) mais certaines possèdent des chalumeaux (tuyaux ouverts aux deux extrémités).
Pour les flûtes polycalames, divers matériaux sont utilisés pour les tubes eux-mêmes. Les plus répandus sont le bambou et le roseau. Plus rares sont le bois, le métal, le cristal, les matériaux de synthèse et les pennes de condor.
Les flûtes monostructure les plus répandues sont les monoxyles (bois) et monolithiques (pierre, argile), mais on trouve également des instruments réalisés en métal et en matériaux de synthèse.
Les flûtes polycalames nécessitent l'usage de ligatures pour l'assemblage des tuyaux. Les tuyaux constituant les flûtes en faisceau peuvent être liés par la seule main du musicien ou serré avec une simple ficelle ou liane. Les techniques d'assemblage des tubes dans les flûtes de Pan en radeau sont variées et comprennent :
Les flûtes de Pan, présentes dans diverses cultures à travers le monde, remplissent de multiples fonctions : elles servent au signalement, à l'accompagnement de rites, à la distraction solitaire, à l'animation de fêtes et aux concerts. Dans les traditions musicales, le répertoire de ces instruments est généralement transmis oralement.
L'intégration de la flûte de Pan dans la musique savante occidentale est moins bien documentée. Cependant, on sait que pendant la période baroque, deux flûtistes de Pan jouaient dans l'orchestre de Hambourg, interprétant des œuvres de compositeurs tels que Telemann, Haendel et Kaiser. Mozart a évoqué la flûte de Pan dans l'air de Papageno de La Flûte enchantée. Néanmoins, c'est Rimski-Korsakov qui, le premier, a spécifiquement indiqué l'emploi de la flûte de Pan dans la partition de son opéra-ballet Mladá en 1893.
Aujourd'hui, la flûte de Pan a trouvé sa place dans les salles de concert en tant qu'instrument soliste accompagné par l'orchestre. Son répertoire s'étend au-delà des pièces composées spécifiquement pour elle, empruntant largement au répertoire de la flûte traversière et d'autres instruments monodiques. Bien que rares, certaines œuvres ont été spécialement composées pour le nai roumain, une variante moderne de la flûte de Pan.
Les pièces musicales audio publiées ici ont été enregistrées par Patrick Kersalé et sont extraites du CD Flûtes de Pan du monde, édité chez VDE-GALLO.
Flûte en radeau composée de 4 tuyaux de bambou jouée au cœur de la forêt amazonienne par les indiens Tirio. Le musicien s'accompagne rythmiquement par le frottement d'une carapace de tortue.
Durée : 02:37. © P. Kersalé 1993-2024.
Cette danse aymara est exécutée chaque année le 3 mai, à la Fiesta de la Cruz, durant la période des récoltes, au sud du lac Titicaca. À cette occasion, une partie des interprètes portent des costumes symbolisant le condor, le renard et le chat sauvage, ennemis des animaux domestiques. Les autres sont armés de lances pour protéger le troupeau de ces prédateurs. Ce thème est connu depuis 1809 et ses origines sont probablement plus anciennes encore, si on analyse la pureté de cette mélodie pentatonique.
L'orchestre de julu-julu est composé de 3 tailles de flûtes de pan accordées par paire, avec une différence d'une octave : arakapi (la tonique), likus (l'octave) et ch'ili (la contre-octave).
Une paire est constituée d'une flûte arka de 4 tubes et d'une flûte ira de 3 tubes. Pour jouer une mélodie, 2 musiciens, l'un avec l'ira (qui va), l'autre avec l'arka (qui suit), se complètent par un jeu alternatif faisant appel à la technique dite du hoquet. On retrouve cette technique de jeu particulière pour la majorité des flûtes de Pan des Andes. Enfin, dans chaque groupe de flûtes, l'arka est accompagnée d'un pulu (flûte en forme de vase, faite avec une tutuna, un fruit exotique) proportionnel. Les julu-julu sont fabriqués avec des tubes de soqosa ou caña hueca.
L'orchestre en résumé : 6 julu-julu (1 paire d'arakapi, 1 paire de liku et 1 paire de ch'ili), 3 pulu, 3 campanillas (clochettes). Chant en aymara.
Lieu : Département de La Paz - Province de Bautista-Saavedra - Communauté de Nino Corin Grande. Interprétation : Ensemble Manco Capac.
Durée : 02:37. © Manco Capac 1993-2024.
Le kantu est une des nombreuses formes du waynu, particulièrement empreinte de majesté. Autrefois, les kantu étaient les marches guerrières de la garde de l'Inca (D'Harcourt 1959). Aujourd'hui, dans les vallées du Nord-Est du lac Titicaca, les Callawayas exécutent cette danse à la saison sèche, lors des processions ou à l'occasion de la Fiesta de La Cruz et de la Fiesta de La Virgen del Carmen (le 16 juillet). Sa chorégraphie se limite à un cercle de musiciens qui tournent à petits pas, alternativement, dans le sens des aiguilles d'une montre, puis dans le sens opposé.
On distingue 4 paires de flûtes de Pan dans un orchestre de kantu, permettant de jouer des polyphonies en quintes et quartes parallèles, qui se différencient dans l'ordre décroissant de la façon suivante : altu mamay (la grand-mère), mamay (la mère), iskay (deux) et chilu (aigu). Une paire se constitue d'une flûte dite pussak (qui guide) de 6 tubes et d'une paire dite kkatik (qui suit) de 7 tubes plus longs. Un orchestre est toujours accompagné par un triangle et par plusieurs wankara, tambours cylindriques à membrane double de 80 cm de diamètre et 80 cm de profondeur.
L'orchestre en résumé : 2 wankara, 1 triangle, 6 antara (1 paire de mamay, 1 paire d'iskay, 1 paire de chilu).
Titre : T'ika azucena. Lieu : Département de La Paz - Province d'Ingavi - Canton d'Irpuma-Irpa Grande. Interprétation : Ensemble Manco Capac, d'après un document recueilli par Max Peter Baumann. Durée : 04:06. © Manco Capac 1993-2024.
Avant la période des semailles, au Sud de La Paz, les compesinos Aymaras dansent au son des antaras llakitas. Ils portent à cette occasion des chapeaux ornés de plumes d'autruches (suri), qui peuvent atteindre 1 m de haut, formant une auréole géante loin au-dessus de leur tête et se parent de leurs plus beaux atours aux couleurs symboliques : ainsi le noir représente la mort, le rouge le sang, le bleu l'eau et le ciel, le jaune la richesse, et l'orange la faiblesse (M.P. Baumann).
Une antara llakita comporte deux rangées de tubes. La deuxième est percée et sert à la fois de maintien et de tubes de résonance. Un orchestre d'antaras llakitas nécessite 3 paires de flûtes qui se classent dans l'ordre décroissant de la façon suivante :
Le rythme est soutenu par une wankara, tambour sur cadre à double membrane de 50 cm de diamètre et 15 cm de profondeur. Un timbre sur lequel sont nouées des épines de cactus est tendu sur l'une des peaux.
L'emploi des antaras llakitas est lié aux rituels dédiés à la Pachamama (déesse de la terre et de la fécondité), comme la Fiesta de La Cruz et le Corpus Cristi. On peut les entendre aussi lors de l'évènement exceptionnel que constitue l'installation d'un nouveau Mallku (autorité religieuse et politique d'une communauté aymara).
L'orchestre en résumé : 2 wankara, 6 siku (1 paire de sanja, 1 paire de likus et 1 paire de ch'ili).
Lieu : Département de La Paz - Province de Pacajes - Canton de Caquiaviri - Communauté de Laura Llokolloko. Interprétation : Ensemble Manco Capac, d'après un document recueilli par Max Peter Baumann. Durée : 02:40. © Manco Capac 1993-2024.
Il s'agit d'un waynu sikuris, thème de la communauté de Cairani, située au Sud-Ouest du Pérou, renommée pour la beauté de ses airs de flûtes de Pan et dont le style reste incomparable. Les waynu sikuris ou sikureada sont, semble-t-il, des adaptations indigènes de la musique militaire de Sa Majesté le Roi d'Espagne.
Contrairement aux julu-julu et aux kantu, nous sortons ici de la gamme pentatonique pure d'origine pré-colombienne pour entrer dans la gamme diatonique importée par les conquistadores espagnols. Ainsi, l'emploi d'harmonies en tierces majeures ou mineures est fréquente, surtout à la fin d'une phrase musicale. En ce sens, le waynu sikuris de Cairani est un exemple de l'évolution de la musique traditionnelle aymara.
Un orchestre de flûtes de Pan de Cairani se subdivise selon le même principe que les orchestres de llakitas ou d'italaque. Cependant, la différence réside dans la forme des instruments : les tubes en caña hueca, nécessaires à la fabrication d'une flûte, sont d'une longueur identique, conférant à l'ensemble, après assemblage, une forme rectangulaire.
L'orchestre en résumé : 1 wankara, 1 caja, 6 siku (2 paires de mala, 1 paire de ch'ili), 1 sifflet.
Titre : La flor del sur. Lieu : Pérou - Province de Tacna - Communauté de Cairani. Interprétation : Ensemble Manco Capac. Durée : 02:32. © Manco Capac 1993-2024.
Au Cambodge, quelques rares femmes Jarai connaissent encore le jeu du đĭng djön, un instrument apparenté à tort à une flûte, en l’occurrence une flûte de Pan en faisceau. En effet, les tuyaux sont maintenus à distance pour recevoir un jet d’air grossier. Or aucune lame d’air ne vient se briser sur un biseau pour créer un son défini comme c’est le cas pour les flûtes. Il s’agit plutôt d’un bruit blanc contenant toutes les fréquences voisines du son fondamental défini par la longueur du tuyau, enrichi harmoniquement par les tubes adjacents. Contrairement à une flûte de Pan, les tuyaux sont ici ouverts à leur extrémité inférieure.
Pour jouer, la musicienne présente l’ouverture des tubes à une dizaine de centimètres de sa bouche et envoie de l’air à l’intérieur en déplaçant simultanément l’instrument et la tête.
L’instrument peut également être joué par deux femmes, l’une dans la position décrite et l’autre placée à l’extrémité inférieure, cette dernière jouant un ostinato sur le tuyau le plus grave. Le souffle de la musicienne s’accompagne d’un frullato (roulement de langue rapide). Afin de rendre plus vivante encore la pièce musicale, elle ajoute un accompagnement rythmique en brossant avec le pouce l’extrémité supérieure des tuyaux les plus accessibles. Cet ostinato s’apparente au canon musical des ensembles de gongs, instruments majeurs et référents des Jarai. Les mélodies interprétées sur cet instrument sont avant tout des chants, principe caractéristique de tout le répertoire instrumental des peuples de cette région.
Lieu & date : Cambodge. Province du Ratanakiri. Village de Kon Choeung. Février 2010. Durée : 02:03. © Patrick Kersalé 2010-2024.
La séquence pas-à-pas
00:00 - Traditionnellement, les Jarai, comme tous les peuples des confins frontaliers du Cambodge, du Laos et du Viêt Nam, cultivent le riz sur brûlis. Aujourd’hui, les lois gouvernementales interdisent ces pratiques mais l’extrême précarité dans laquelle ils vivent ne leur laissent pas le choix. De plus, la déforestation sauvage pratiquée par des compagnies nationales et internationales sur leurs terroirs ancestraux ne les invitent pas aux états d’âmes. Sur ces terres, ils continuent d’habiter, de cultiver, de chasser et de cueillir comme ils le font depuis toujours. Mais leurs jours sont désormais comptés.
00:48 - Remarquez la tenue horizontale de l’instrument permettant à une seconde musicienne de jouer un ostinato à l’autre extrémité. Remarquez également le pouce droit qui brosse les tuyaux accessibles.
01:31 - Rizière de montagne, par opposition à la rizière irriguée des plaines.
Même remarque que pour la séquence précédente concernant l’organologie de l’instrument. Il est en quant à lui classé comme ”flûte de Pan en radeau”. Dénommé het hot — terme onomatopéique — cet instrument de huit tuyaux est habituellement joué sur le perron ou à l’intérieur de la maison sur pilotis. Les filles apprennent à jouer dès l’adolescence car l’instrument est impliqué dans les rituels de cour d’amour. Elles le jouent généralement la nuit et le son "buk buk" indique que la jeune fille a des sentiments pour le garçon qui chante ou joue sous sa maison. Elles pratiquent aussi cette flûte en groupes durant la journée sous forme de compétitions informelles.
Ici, la mélodie est conduite par une alternance de souffle continu simple et de frullato. Un accompagnement rythmique est réalisé en brossant avec le pouce droit les trois tuyaux les plus graves. On remarquera à ce propos que le second tuyau est plus proche de la musicienne d’environ un centimètre afin de permettre au pouce de frapper le premier tuyau avec force et ainsi de générer un son.
Les plans de coupe témoignent de l’importance du buffle pour les Kreung en particulier, et chez toutes les ethnies des régions frontalières du Cambodge, du Laos et du Viêt Nam. Cet animal y est totémique. Il représente l’offrande sacrificielle la plus importante offerte aux génies qui peuplent leur univers spirituel.
Lieu & date : Cambodge. Prov. du Ratanakiri. Vill. de Pok Thom. Février 2010.
Durée : 02:21. © Patrick Kersalé 2010-2024.
Flûte diatonique en roseau utilisée en Angleterre de la fin du XVIIe s. jusqu'en 1930. Elle était jouée avec un accompagnement de tambour par un seul musicien. Pour permettre ce
jeu simultané de deux instruments, la flûte se tenait coincée dans le gilet du musicien qui pouvait jouer en tournant la tête pour approcher ses lèvres de chaque tuyau en canne sans aucun
déplacement manuel de l'instrument. Elle était notamment utilisée pour accompagner le montreur de marionnettes à gaine du spectacle Punch and Judy se produisant dans la rue.
La mélodie a été interprétée par Patrick Kersalé d'après une partition issue d'un collectage.
Pièce : The pandean dance - James Hook - 1820.
Durée : 02:00. © P. Kersalé 1993-2024.
Espagne, Galice - siringa
Cette pièce est une cantiga de amigo, tirée du manuscrit "Vinsel", composée par Martin Codax, troubadour galicien du XIIIe siècle. Le chant raconte l'histoire d'une jeune fille qui se réjouit du retour de son amoureux et demande à sa mère la permission d'aller le retrouver.
L'instrument utilisé ici est une flûte de Pan polycalame en roseau. Bien que des instruments monoxyles existaient également à cette époque, nous avons choisi ici une flûte en roseau. Il est important de noter que nous ne disposons pas de preuves formelles de l'utilisation de la flûte de Pan dans ce type de formation musicale au XIIIe siècle. Cette reconstitution, bien que hypothétique, offre un aperçu plausible de la sonorité de l'instrument tel qu'il aurait pu être entendu à cette époque. Elle permet ainsi d'imaginer la couleur musicale qui pouvait accompagner ces chants traditionnels galiciens.
Pièce : Mandad'ei comingo. Interprète : Ensemble Ultreia.
Durée : 01:19. © P. Kersalé 1993-2024.
Le fresteu est une flûte diatonique en radeau. Les tuyaux de cannisse sont souvent insérés dans une gaine de cuir. Il a survécu jusqu'au milieu du XXe s. en Provence et en Corse et, ainsi que l'était la syrinx de la Grèce antique, était traditionnellement associé au monde pastoral.
Titre : Au casteu de Liandra - Comté de Nice - XVIe s.
Musicien : Jean-Pierre Lafitte. Durée : 02:15. © P. Kersalé 1993-2024.
Les ensembles de firlinfeu se rencontrent en Italie du Nord, en Lombardie, là où apparaît le nom de Brianza, qui appartient en propre à une région de collines près de Lecco. Plusieurs villages de la région possèdent leur propre groupe folklorique. Cette tradition folklorique trouve ses racines au XIXe siècle.
L'orchestre de firlinfeu comprend 25 flûtes de Pan de 7 tessitures différentes ; les plus petites sont appelées cantini, les moyennes controcanti et bassetti, les plus grandes bassi. Les noms génériques donnés à ces instruments diffèrent selon les lieux : firlinfeu, siringa, fregamunson, piffero. Elles sont fabriquées avec des roseaux. Les tubes sont maintenus par 4 à 6 éclats de roseaux répartis deux à deux sur chaque face de l'instrument et liés avec de la ficelle. Les tuyaux les plus longs présentent, au niveau de l'embouchure, un empilage conique composé de bagues découpées dans des cannes de roseaux de différents diamètres et collées les unes sur les autres. Cet artifice permet de faciliter l'insufflation et de jouer la note fondamentale du tuyau et non ses partiels.
Titre : Marcia paesana. Interprétation : Ensemble Citta di Erba - I
Bej.
Lieu & date : Italie, Erba - 1993. Durée : 02:27. © P. Kersalé 1993-2024.
Les flûtes de Pan monoxyles ont joué un rôle important dans la vie quotidienne en France, Espagne et Portugal au cours des siècles passés. Ces instruments étaient principalement utilisés par les artisans itinérants et les petits commerçants comme moyen de signalement. Parmi ces utilisateurs, on comptait les rémouleurs, les marchands de lait de chèvre, les réparateurs de parapluies et les castrateurs de porcs.
Chaque praticien avait sa mélodie distinctive, jouée sur une flûte produisant des sons aigus capables de traverser murs et fenêtres. Cette musique servait à annoncer leur arrivée dans un village, permettant aux habitants de les identifier immédiatement.
L'instrument présenté ici est un exemple typique de ces flûtes de Pan : une flûte diatonique fabriquée en buis, décorée d'une tête de cheval sculptée. Cet exemplaire particulier était l'outil de travail d'un rémouleur, qui l'utilisait pour signaler sa présence et ses services dans les localités qu'il visitait.
Le rémouleur sur la photo ci-contre a été photographié par GeoZik en mars 1988 au Portugal dans la ville de Nazaré. Son instrument était en matière plastique. De nos jours, il y a peu de chance de croiser encore un tel personnage avec son instrument.
Durée : 00:53. © P. Kersalé 1993-2024.
Roumanie - nai folklorique
Le nai (prononcer naï) est devenu l'emblème musical de la Roumanie. Il était autrefois l'instrument des bergers mais a rejoint depuis plus de deux siècles le taraf (orchestre folklorique roumain) et prit la place de soliste qui lui revient compte tenu de ses immenses possibilités techniques. Il est adapté au jeu des pièces rapides, sa courbure permettant de suivre le mouvement de rotation de la tête. Sans cette adaptation de l'instrument à la morphologie humaine, cette danse roumaine rapide ne pourrait être jouée qu'avec grande difficulté. Un savant jeu de lèvres permet de plus de transformer l'instrument diatonique de conception en un instrument chromatique.
Cette pièce, extraite du répertoire folklorique roumain, est une doina (prononcer doïna), c'est-à-dire une complainte. Originellement d'expression vocale, la doina permet d'exprimer tous les sentiments : joie, tristesse, amertume... Cette complainte traduit plus particulièrement la gaieté. Le nai roumain, instrument expressif aux possibilités techniques équivalentes à celles de la voix ou du violon, permet de traduire ces sentiments. Ici le taraf est composé d'un nai, un violon, un cymbalum et une contrebasse.
Titre : Firuta nana firuta. Interprète : Ensemble Xarroff : Patrick Kersalé (nai), Jaroslav Hrbacek (cymbalum),Vojtech Munka (violon), Vojtech Munka (contrebasse). Durée : 03:53. © P. Kersalé 1993-2024.
Roumanie - nai classique
Cette séquence est un clin d’œil au dieu Pan, à Syrinx et aux naïades qui vivent au fond des étangs de la Dombes…
On remarquera la technique de jeu du nai :
Syrinx. Claude Debussy. Interprétation : Patrick Kersalé au nai roumain.
Lieu & date : France. Région de la Dombes (Ain). 2006.
Durée : 03:01. © Patrick Kersalé 2006-2024.
Flûte en faisceau de 7 tuyaux de bambou ouverts aux deux extrémités. L'instrument, joué pour le seul divertissement du musicien, est tenu verticalement à quelques centimètres de la bouche. L'air est expulsé dans les tubes sans contact avec la bouche. Le passage d'une note à une autre s'effectue par déplacement de la tête, l'instrument restant fixe.
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Zemp, Hugo. Flûtes de Pan mélanésiennes. Are 'Are, Malaita, Iles Salomon. In: Journal de la Société des Océanistes, n°35, tome 28, 1972. pp.
Durée : 01:02. © P. Kersalé 1993-2024.
Flûte en faisceau de 4 tuyaux de bambou ouverts aux deux extrémités. L'embouchure est constituée d'un petit trou pratiqué par usure sur une pierre dans le nœud du bambou. L'instrument est tenu obliquement. Il est joué pour le propre divertissement du musicien.
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Zemp, Hugo. Flûtes de Pan mélanésiennes. Are 'Are, Malaita, Iles Salomon. In: Journal de la Société des Océanistes, n°35, tome 28, 1972. pp.
Durée : 02:41. © P. Kersalé 1993-2024.