La harpe fourchue est propre à l’Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, on la rencontre chez plusieurs ethnies : Badogo, Birifor, Bobo, Bwa, Dagara, Docsè, Dyan, Gan, Komono, Lobi, Pougouli, Vigué. Chez chacune d'elles, elle porte un nom vernaculaire dont la racine est souvent commune : Bwa : kolõjo ; Lobi : kolõjo ou salã ; Dyan : kolõjõ ; Gan : koninyã. Localement, en français africain, on la désigne parfois sous le vocable “harpe ombilicale” ou encore “guitare”, suivi du nom du peuple.
Dans tous les cas recensés, la harpe fourchue auto-accompagne le chant narratif de chanteurs voyants ou non-voyants.
Textes, photos, audios, vidéos © Patrick Kersalé, 1994-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 16 septembre 2024.
SOMMAIRE
La particularité de la harpe fourchue, par rapport aux autres typologies de harpes rencontrées ailleurs en Afrique, est que les cordes ne viennent pas s’accrocher sur la caisse de résonance, mais sont perpendiculaires à celles-ci. De ce fait, sur un plan purement organologique, on devrait plutôt la considérer comme un “arc multicorde à résonateur”. La forme du manche en bois varie de la fourche (d'où son appellation, non représentée au Burkina Faso mais au Bénin, en Guinée et en Côte d'Ivoire) à l’arc plus ou moins cintré. Il est fixé par ficelage à une caisse de résonance constituée d’une demi-calebasse originellement sphérique. Pour cela, cette dernière est percée de plusieurs trous permettant le passage des liens.
Le manche est fixé par ficelage à une caisse de résonance constituée d’une demi-calebasse originellement sphérique. Pour cela, cette dernière est percée de plusieurs trous permettant le passage des liens. La calebasse est soit la plante rampante Lagenaria vulgaris (Cucurbitacée), soit le fruit du calebassier Crescentia cujete (Bignoniacée). La caisse de résonance est parfois percée d’une ou deux ouvertures circulaires de 15 à 20 mm sur lesquelles sont tendues de très fines toiles formant à l’origine le cocon protecteur des œufs d’une araignée ; elles sont censées générer une légère vibration à la manière d'un mirliton.
Compte tenu du peu de performance du dispositif à mirlitons, l’extrémité du manche est souvent munie de sonnailles constituées d’une petite tôle souple autour de laquelle sont accrochés des anneaux qui tintent sous l'effet de la vibration des cordes. Ce dispositif est courant et très prisé en Afrique occidentale ; on le rencontre couramment sur d’autres cordophones ainsi que sur certains tambours.
Chez les Lobi, les Dyan et les Pougouli, la harpe fourchue possède cinq cordes, chez les Gan six ; chez les Bwaba, leur nombre peut atteindre une dizaine (celle présentée dans ces enregistrements en possède huit). Ces cordes sont disposées soit parallèlement, soit en éventail. En cuir ou en nylon, elles sont attachées de part et d’autre du manche. Lorsqu’il s’agit de nylon, on utilise, pour chaque corde, une torsade de deux fils ; l’accordage s’obtient alors en les vrillant plus ou moins à l’aide d’une cheville (pièce de bois, perle ou vertèbre de poisson) placée autour de celles-ci, à l’extérieur du manche.
Chez les Gan, la harpe est accordée de manière pentaphonique avec doublement de la tonique à l’octave. Chez les Dyan, elle est accordée de manière pentaphonique sans redoublement, et chez les Lobi, selon une échelle tétraphonique ou pentaphonique.
La harpe fourchue est jouée exclusivement par les hommes. Les Bwaba l’utilisent dans leurs activités profanes et religieuses : encouragement et agrément du repos des cultivateurs, accompagnement de la mouture des céréales sur la meule dormante et du pilage, danse des masques, mariages, initiation des jeunes, cérémonie initiatique du lo (ou do). Chez les Gan, son utilisation est plus restreinte : cérémonie de réjouissances marquant la fin des moissons (kpogoso) et, plus récemment, animation de réjouissances où l’on danse. Elle accompagne des chants de femmes en répons au cours desquels le harpiste chante un solo faisant appel à une ou plusieurs réponses du chœur polyphonique. La harpe est accompagnée par un métallophone — outil aratoire, de mécanique, une bouteille en verre… — que l’on frappe rythmiquement et/ou par les clochettes à battant externe des danseurs. Lors des fêtes, il est courant que plusieurs harpes jouent simultanément. Dans ce cas, seul un harpiste chante, les autres instruments doublant seulement l’accompagnement du soliste. Chez les Gan et les Bwaba, cette utilisation festive s’explique par le fait qu’elle est jouée de manière mélodico-rythmique.
Chez les Lobi, les Dyan et les Pougouli, elle est jouée mélodiquement pour accompagner les chants. On l’emploie comme passe-temps solitaire ou pour divertir un auditoire restreint, notamment lors des veillées.
Les chants qu’elle accompagne se font l’écho des sentiments amoureux, des histoires villageoises, gaies, tragiques ou anecdotiques. Les répertoires sont plutôt récents. Les thèmes suivent l’actualité, telles ces histoires de jeunes gens partis chercher fortune en Côte-d’Ivoire et revenus ruinés voire pis, après avoir contracté le SIDA. Tous les harpistes que nous avons rencontrés détenaient leur propre répertoire de créations.
Selon les ethnies et les musiciens, la position de l’instrument peut différer : tenu verticalement, de biais ou quasi horizontalement. En revanche, l’ouverture de la caisse de résonance est toujours placée contre le ventre de l’interprète qui libère de temps à autre ce contact afin de modifier l’amplitude sonore. Les cordes sont pincées soit avec le bout des doigts, soit avec les ongles afin d’obtenir un son plus sec et plus puissant.
Chez les Lobi, les Dyan et les Pougouli, la harpe fourchue est en voie de disparition. En revanche, chez les Gan et les Bwaba, sa pratique est en stabilisation, voire, dans certains villages, en expansion. En effet, on peut émettre l’hypothèse que, dans ces deux ethnies, le jeu mélodico-rythmique incite les jeunes à l’adopter comme substitut à la guitare occidentale dont ils rêvent mais qu’ils ne peuvent acquérir faute de moyens.
Afin de témoigner de l'usage contemporain de la harpe fourchue, GeoZik a réalisé le film Akouna Farma, messager du royaume. À travers ses chants, cet artiste gan sensibilise la population au SIDA, aux difficultés à se lancer dans l’aventure de l'émigration ivoirienne, à la nécessaire réappropriation de la culture autochtone avant de se jeter à corps perdu vers le miroir aux alouettes de la modernité…
Tous les chants filmés et enregistrés dans ce chapitre sont interprétés par Moussa Konaté, originaire du village de Dioubasso. Sa harpe comporte huit cordes alors que traditionnellement elle n'en compte que cinq. Selon son information, certaines harpes comportent jusqu'à dix cordes.
Lieu & date : Burkina Faso, Bobo-Dioulasso. 7 janvier 1999.
Interprète : Moussa Konaté. Chant en langue bwa.
Durée : 02:41. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Lieu & date : Burkina Faso, Bobo-Dioulasso. 7 janvier 1999.
Interprète : Moussa Konaté. Titre : Sunguruba. Chant en langue jula.
Durée : 03:39. © Patrick Kersalé 1999-2023.
Ce chant moralisateur évoque deux grands problèmes de l’Afrique subsaharienne : la perte du pouvoir de la parole des anciens sur les jeunes générations et la tendance à l’oisiveté de ces dernières.
Paroles et musique : Moussa Konaté - Bobo Dioulasso - 7 janvier 1999.
Durée : 02:34. Traduction : Mama Koné. © P. Kersalé 1999-2024.
« Les enfants n’aiment pas écouter les conseils des anciens
Si tu travailles, tu gagneras, mais si tu ne travailles pas, gare à toi.
L’enfant est parti à Abidjan mais il n’a pas même rapporté cinq francs
Il a dépensé tout son argent avec les filles. »
Contrairement à ce que l’on croit souvent, nombres d’animistes africains rendent le culte à un dieu unique, mais utilisent, tout comme dans les grandes religions monothéistes, des intercesseurs qu'ils nomment, selon leur conception et en français africain : fétiches, esprits, génies, arbres sacrés, défunts, ancêtres…
Paroles et musique : Moussa Konaté - Bobo Dioulasso - 7 janvier 1999.
Durée : 05:59. Traduction : Mama Koné. © P. Kersalé 1999-2024.
« Il demande à sa mère de prier pour la famille
Il demande à son père de prier pour la famille
Il demande au baobab de prier pour la famille
Il demande au Komo (fétiche) de prier pour la famille
Il demande à Mèmè (nom de son père) de prier pour la famille. »
a) En Afrique subsaharienne, les filles sont encore promises aux garçons par les parents dès le plus jeune âge, parfois même dès leur naissance. Quant au mariage, il intervient souvent dès la puberté. Ces mariages forcés sont parfois suivis de mariages d’amour, obligeant alors les coépouses à cohabiter.
b) Histoire d’un père qui ne veut pas donner sa fille en mariage à un garçon sous prétexte qu’il ne peut lui offrir que du mil à manger.
« Le petit mil est ton déjeuner, tu ne peux épouser ma fille. »
Paroles et musique : Moussa Konaté - Bobo Dioulasso - 7 janvier 1999.
Durée : 08:02. Traduction : Mama Koné. © P. Kersalé 1999-2024.
Histoire d’un homme qui n’a jamais appris à danser. Le jour où il danse pour la première fois, tout le monde se moque de lui. Dans la culture traditionnelle africaine, la danse s’apprend par imprégnation lors des fêtes ou des rituels. Elle fait plus rarement l’objet d’un véritable enseignement.
Paroles et musique : Moussa Konaté - Bobo Dioulasso - 7 janvier 1999.
Durée : 03:46. Traduction : Mama Koné. © P. Kersalé 1999-2024.
« Masa Yowo a fini de danser. »
C’est l’histoire d’un jeune cultivateur dont les récoltes sont toujours mauvaises. Un jour, il part chez le chef du village pour se plaindre. Mais là, il y rencontre sa fille et s’éprend d’elle. Il la lui demande alors en mariage. C’est alors que le chef lui rétorque que s’il parvient à cultiver beaucoup d’arachides, il lui donnera sa fille… Comme le chant “Tu n'auras pas ma fille”, celui-ci révèle le souci des parents à régler un mariage matériellement réussi.
Paroles et musique : Moussa Konaté - Bobo Dioulasso - 7 janvier 1999.
Durée : 04:52. Traduction : Mama Koné. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Pour la traduction de ce chant, nous avons volontairement utilisé un vocabulaire franco-africain afin de mieux refléter le sentiment populaire.
« Kouokouré, son nom n’est pas grand (il n’y a pas besoin de le vanter)
Kouokouré c’est du japonais (ça ne veut rien dire)
Kouokouré gâte le nom de la personne (ce nom est tellement entaché que sa seule prononciation crée une mauvaise image de celui qui le porte)
Kouokouré, son nom n’est pas petit (connu mais de mauvaise réputation). »
Thème traditionnel interprété par Su Samé - Loto - Décembre 1996.
Traduction : Palm Laka, Adama Coulibaly.
Durée : 01:48. © Patrick Kersalé 1996-2024.
Lieu & date : Burkina Faso, Bonfesso - 3 janvier 2000.
Interprète : Sami Palm. Durée : 07:12. © Patrick Kersalé 2000-2024.
Exceptionnellement nous vous offrons une version dans laquelle vous pouvez assister à un tournage à deux caméras. La première est fixée sur un trépied, la seconde manipulée par Patrick Kersalé.
Nous avons par ailleurs conservé toutes les imperfections dues à l'accordage de l'instrument. En effet, l'accordage de la harpe fourchue est difficile à stabiliser car la tension exercée sur une corde agit sur la hauteur des autres. Il convient d'y aller progressivement.
Thème traditionnel interprété par Sami Palm - Bonfesso - Décembre 1999.
Traduction : Palm Laka, Adama Coulibaly.
Durée : 01:50. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Le scorpion représente le brigand qui commet le double larcin. Le mil est, chez les Dyan comme dans la plupart des populations de la région, l’aliment de base.
« Le scorpion a eu la chance de manger ton mil et de te piquer. »
Paroles et musique : Kolé Farma - Obiré - Octobre 1994.
Durée : 04:22. Traduction : Koffi Farma. © Patrick Kersalé 1994-2024.
Ce chant d’amour est interprété par deux harpes, celles du chanteur et de son accompagnateur.
« Jeune femme, ta parole me plaît
Brave jeune homme, ta parole me plaît
Quand tu ouvres la bouche, cela me plaît… »
Réponse des femmes
« Ne discute pas. »
Tous les chants filmés et enregistrés ci-après sont interprétés par Akouna Farma.
Lieu & date : Burkina Faso, Bobo-Dioulasso. 20 décembre 1999.
Interprète : Akouna Farma. Durée : 02:51. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Le chant est accompagné par un idiophone en fer constitué d'outils ; ces trois éléments remplacent la traditionnelle clochette à battant externe. L'un et l'autre sont désignés par le même nom : bᴐyᴐ.
Lieu & date : Burkina Faso, Bobo-Dioulasso. 20 décembre 1999.
Interprète : Akouna Farma. Durée : 02:24. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Ici, Akouna Farma démontre sa grande inventivité mélodico-rythmique.
Lieu & date : Burkina Faso, Bobo-Dioulasso. Décembre 1996.
Interprète : Akouna Farma. Durée : 05:55. © Patrick Kersalé 1999-2024.
Ce chant met en garde une jeune fille trop envahissante…
« Madoongi, ne plaisante pas avec moi, je ne suis pas un plaisantin.
Madoongi, plaisante avec Karakoro. Madoongi, ne murmure pas avec moi, je ne suis pas un plaisantin. Madoongi, murmure avec Karakoro.
Madoongi se cache. Elle devrait plaisanter avec Karakoro. Je croyais que Madoongi portait son propre pagne-wax, mais c’est celui d’Adjouma.
Je croyais que Madoongi portait un pantalon, mais c’est le complet d’Adjouma. Madoongi, ne plaisante pas avec moi, plaisante avec Karakoro. »
Réponse des femmes
« Madoongi, ne plaisante pas avec moi. »
Paroles et musique : Kolé Farma - Obiré - Octobre 1994.
Traduction : Koffi Farma. Durée : 04:06. © Patrick Kersalé 1994-2024.
La mort est un thème extrêmement fréquent dans le répertoire gan et les métaphores qualificatives innombrables.
« La mort fait souffrir
La mort n’a pas de frère. »
Réponse des femmes
« La mort ne connaît pas son frère. »
Chant de regrets d’une jeune fille pour l’amour d’un jeune homme.
Thème traditionnel interprété par Akouna Farma - Obiré - Décembre 1996.
Traduction : Koffi Farma. Durée : 05:34. © Patrick Kersalé 1996-2024.
« Kouakou est allé à Soubré (en Côte-d’Ivoire) pour manger du taro
Kouakou, laisse-moi t’accompagner car il y a longtemps que nous ne nous sommes pas vus
Kouakou, ne pars pas à Soubré sans moi
Kouakou, depuis que tu es parti, je n’ai cessé de t’aimer
Kouakou était à Soubré, il mangeait du taro et de la banane
Aujourd’hui il est revenu, je voudrais partir avec lui
Kouakou m’a trahie, il est parti à Soubré
Je ne veux plus qu’il parte et m’abandonne
Kouakou est parti à Yamousokro
Kouakou m’a flattée
Kouakou, accompagne-moi
L’enfant m’a flatté
Kouakou, pourquoi m’a-t-il flattée et est-il parti à Ouaga ?
Kouakou est parti à Soubré
Pourtant, Kouakou est parti en me disant de l’attendre
Kouakou m’a flattée
Kouakou est parti sans me dire au revoir
Mon ami Kouakou est parti sans rien dire à quiconque. »
Réponses multiples des femmes
« Kouakou est parti et m’a laissée. »
« Kouakou est parti à Soubré, il va revenir. »
Traditionnel. Arrangement : Akouna Farma - Obiré - Décembre 1996.
Traduction : Koffi Farma. Durée : 05:25. © Patrick Kersalé 1994-2024.
Avec le thème de la mort, ceux de la sorcellerie et de la persécution détiennent la plus grande place dans le répertoire de la littérature orale des Gan. Nombres de métaphores les imagent.
« Si vous avez un ennemi près de vous, aucun de vos projets n’aboutira
Si les pieds ne se déplacent pas, le visage ne voit rien
Dieu ne tolère pas que l’on nuise à autrui
Homme-sorcier ! Reste dans ta cour, reste dans ton village
Moi je vais partir et te laisser
Mon ennemi ! Ne ris pas parce que tu m’as tué
Je pars au pays des morts mais je n’ai pas emporté les houes et les pics
Valoir mieux n’intéresse pas autrui
Reste dans ton village
Je te quitterai car tu es mon ennemi
Certains sont des souris de maison (ils savent tout ce qui se passe chez autrui)
Celui dont la mort est proche doit avaler le poisson (aux écailles dures)
Le sorcier est devenu une souris de maison
C’est pourquoi je ne veux pas revenir. »
Réponses diverses des femmes
« L’ennemi est à côté de moi, je terminerai mal. »
« Tant que les pieds ne se déplacent pas, les yeux ne voient rien. »
« Quand on meurt on ne peut plus rien voir. »
Paroles et musique : Akouna Farma - Obiré - Décembre 1996.
Traduction : Koffi Farma. Durée : 02:48. © Patrick Kersalé 1994-2024.
Ce chant autobiographique narre un épisode véridique et anecdotique de la vie de ce harpiste-chanteur non-voyant (Akouna Farma). Un jour, alors qu’il venait d’être mordu par un serpent, les gens sont venus annoncer son décès. Mais, en réalité, il n’était pas mort. Cette histoire est ainsi tournée en dérision par l'intéressé.
« Akouna est né d’un père nommé Assoro
Lui, il est mort et ressuscité
Tout Gan qui arrive à Madiasso dit qu’Akouna est mort
Le fils d’Assoro est mort
Mais Akouna est mort et ressuscité
Les autres disent qu’Akouna n’est pas bon
Les Gan disent qu’Akouna est mauvais
Les Docsè disent qu’Akouna est très bon
Akouna, le fils qu’Assoro, est mort et ressuscité
Si tu arrives à Madiasso
On dit d’Akouna, fils d’Assoro, est mort
Si tu arrives à Madiasso
Tu entendras les funérailles d’Akouna. »
Réponse des femmes
« Akouna est mort et ressuscité. »
En Afrique subsaharienne, le célibat ne correspond pas à la normalité, il est donc, à ce titre, largement déconsidéré. Quant à la prostitution, elle n’a pas seulement cours dans les villes, mais aussi en brousse ainsi que l’atteste ce chant.
Paroles et musique : Lanta Kerkurè - Kampti - Octobre 1996.
Traduction : Karbité Kambou. Durée : 02:24. © Patrick Kersalé 1996-2024.
a) Le célibataire
« Ceux de ma génération sont tous mariés
On dit que le célibataire ne dort pas
Alors pourquoi est-ce que moi je dors ? »
b) La prostituée
« Elle ne se couche jamais. Si elle se couche, c’est pour faire l’amour.
C’est ainsi qu’elle fait. Même derrière la maison, sur la route, dans les toilettes, en pleine brousse, même lors du ramassage du bois. »
Refrain
« On l’a courbée, on l’a courbée, c’est une prostituée. » (bis)
Chant autobiographique. Ynoté Da, le harpiste-chanteur interprétant cette chanson, est aveugle. Il évoque le malheur que représente sa cécité, mais aussi ses joies.
Dans les intervalles non-chantés, là la harpe est jouée en solo, on entend des râles venus du fond de la gorge du harpiste. Il s'agit d'une pratique vocale que nous avons également rencontrée chez les joueurs de xylophone lobi de différentes tranches d'âge. Nous n'en connaissons pas la signification. On remarquera par ailleurs que la harpe d'Ynoté Da ne comporte pas de sonnailles sommitales. Par conséquent, le son des cordes de cuir est sourd et peu résonnant.
Traditionnel : Kalifa Traoré - Bonfesso - Octobre 1996.
Durée : 01:47. © Patrick Kersalé 1996-2024.
Histoire d’un garçon très beau qui tente en vain d’attraper un rat (symbolisant une jeune fille). Les gens lui demandent : « Pourquoi ta beauté t’empêche-t-elle de te marier ? Tu es peut-être beau, mais tu n’arrives même pas à attraper un rat ! Alors tu es beau pour rien ! »