Instruments de la préhistoire européenne 1/2


Le propos de ce dossier est double :

  1. Présenter les instruments de musique de la préhistoire européenne provenant de fouilles archéologiques, du Paléolithique à l’Âge du Fer. Pour cela nous avons sollicité d’éminents spécialistes des instruments de musique de la préhistoire, des luthiers, des musiciens et des comédiens susceptibles de redonner une vie virtuelle à des objets devenus inertes.
  2. Apporter l’éclairage de l’ethnographie sur les techniques de jeu, la relation homme/instrument, la fonction sociale des outils sonores appartenant à des sociétés dont le niveau technologique est proche de celui des époques considérées de la préhistoire européenne. Dans ce but, nous avons parcouru le monde pour y rencontrer des musiciens, des agriculteurs et des artisans détenteurs de savoir-faire millénaires.

Vous avez à votre disposition, des interviews, des reconstitutions de jeu instrumental, des liens vers des vidéos sur la vie de peuples au mode de vie traditionnel.

 

Textes, photos, vidéos © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé, Tinaig Clodoré-Tissot 2010-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 23 août 2024.


SOMMAIRE


Introduction

Instruments du Paléolithique

. Phalange sifflante

. Sifflet

. Flûte

. Racleur

. Rhombe

. Sonnailles

. Lithophones

Instruments du Néolithique

. Sifflet

. Flûte de Pan

. Conque

Instruments du Calcholithique

. Trompe

. Tambours

. Modelage de l’argile

. Cuisson de l’argile en meule

Instruments du l'âge du Bronze

. Flûtes

. Trompes

. Hochets

. Sonnailles

. Ronfle

Instruments de l'âge du Fer

. Corne

. Carnyx

. Tambour

. Lyre

 

DOCU-FICTION associé

> O'Roch, le chaman de la préhistoire


PISTES PÉDAGOGIQUES

  • Chronologie. Sur un chronogramme vierge, disposez les images des instruments de la Préhistoire en fonction de leur période d'invention.
  • Organologie. Trouvez des instruments de musique contemporains (traditionnels ou modernes) dont les typologies se rapprochent de ceux de la préhistoire.
  • Fabrication. Fabriquez un ronfle, un sifflet et des sonnailles avec des matériaux de récupération.
  • Allez plus loin avec les Éditions Lugdivine.

Introduction

Introduction par Tinaig Clodoré-Tissot. Durée : 04:11. 

Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024. 

Tinaig Clodoré-Tissot est archéologue et musicienne. Docteur en préhistoire, spécialiste en archéologie musicale, elle partage sa passion et ses recherches sur les instruments de musique de la préhistoire européenne.



Instruments du Paléolithique

Phalange sifflante

 

La phalange sifflante par Tinaig Clodoré-Tissot. Durée : 02:02.

Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Sifflet en phalange de renne. Laugerie-Haute, Les Eyzies-de-Tayac, (Dordogne. Paléolithique supérieur. Lg. : 4,9 cm. Musée de Préhistoire d’Ile-de-France, Nemours (Seine-et-Marne).


 

Sifflet en os

 

Le sifflet en os par Tinaig Clodoré-Tissot. Durée : 01:25

Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Sifflet en os, reconstitution et photo © Tinaig Clodoré-Tissot 2010-2024.


 

Sifflets en bois des chasseurs sénoufo (Burkina Faso)

Pour communiquer durant la chasse, les membres de la confrérie des chasseurs Sénoufo utilisent des sifflets en bois. Il s’agit d’instruments à embouchure terminale à un trou de jeu. Dans cette séquence, l’un des leurs a abattu un guib harnaché. Un chasseur siffle pour annoncer la nouvelle. Les confrères distants répondent à la fois pour accuser réception du message et permettre leur géolocalisation. Les chasseurs victorieux se dirigent vers le groupe distant qui fait retentir les sifflets pour accueillir les confrères. Ces derniers sont accueillis avec déférence par des dons de feuillages et par de la musique (harpe-luth des chasseur donso ngoni et racleur en fer cagayan). Une fois encore, les sifflets retentissent alors en signe de satisfaction et pour annoncer l’arrivée prochaine du groupe auprès du chef de la confrérie.

Les hommes du Paléolithique avaient probablement les mêmes besoins de communication avec leurs sifflets : géolocalisation, demande d’aide, manifestation émotionnelle…

 

Pour aller plus loin, un film documentaire de 52’ : Les maîtres du nyama.

 

Sifflets en bois des chasseurs sénoufo

Date & lieu : Janvier 2000 - Village de Ouolonkoto. Burkina Faso.

Durée : 02:11. Vidéo : © P. Kersalé 2000-2024.

Sifflet en bois à un trou de jeu

Date & lieu : Janvier 2000 - Village de Ouolonkoto. Burkina Faso.

Texte & photo : © P. Kersalé 2000-2024.


Flûte

La flûte en os par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 05:44. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Flûte en ulna de vautour de la grotte d’Isturitz (Pyrénées Atlantiques), vers 25000 AEC. Longue de 21 cm, elle possède quatre trous ovalaires régulièrement alignés, obtenus par raclage de l’os à l’aide d’un outil en silex. L’extrémité proximale est régularisée et polie. Le corps de la flûte est lustré et entièrement décoré de fins traits gravés perpendiculaires à son axe longitudinal, qui pourraient avoir été des repères de facture. Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Dessin : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Légende : © Tinaig Clodoré-Tissot 2010-2024.


Flûte à embouchure terminale

L'instrument de la vidéo est une flûte à embouchure terminale (gasba) provenant d’Algérie. Cette typologie se rencontre sous divers noms dans de nombreuses régions du monde : Afrique du Nord, Afrique noire, Orient, Inde, Europe centrale… L'instrument de la photo vient de Turquie (ney) ; son embouchure est munie d'une pièce emboîtée, le bashpare, qui offre au son, puissance et clarté.

Le principe d’émission acoustique est basique, ce qui en fait l’une des plus anciennes flûtes de l’humanité. Après avoir sectionné les épiphyses d’un os, les nœuds d’un canisse ou d’un bambou, il suffit de percer les trous de jeu : l’instrument est alors prêt à fonctionner. Le corollaire de cette technologie réside dans sa technique de jeu difficile à appréhender.

 

Flûtes à embouchure terminale

Durée : 00:50. Texte, photo & vidéo : © P. Kersalé 2010-2024.

Ney turc : Philippe Duval.

Photo : © P. Kersalé 2004-2024.


Racleur

Le racleur en os par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 01:21. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Racleur en os. Reconstitution : © Tinaig Clodoré-Tissot 2010-2024. Photo : © Patrick Kersalé 2010-2021.


 

Racleur des chasseurs sénoufo (Burkina Faso)

Chronologiquement, cette séquence fait suite à celle intitulée « Le sifflet en os ». Un maître chasseur Sénoufo danse devant les bardes jouant deux harpes-luths donso ngoni et un racleur tubulaire en fer cagayan (prononcer tchagayan). Seuls les chasseurs et leur maîtres hiérarchiques sont habilités à exécuter cette danse.

 

Racleur des chasseurs sénoufo

Date & lieu : Janvier 2000 - Village de Ouolonkoto, Burkina Faso. 

Durée : 01:10. Vidéo : © P. Kersalé 2000-2024.

Racleur en fer des chasseurs sénoufo

Date & lieu : Janvier 2000 - Village de Ouolonkoto, Burkina Faso.

Texte & photo : © P. Kersalé 2000-2024.


Rhombe

Le rhombe en os par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 02:26. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Décomposition du mouvement du rhombe

Photo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

Voir notre fiche spéciale : Le rhombe magdalénien de Lalinde.

 

Le rhombe est une planchette, généralement de forme oblongue, en bois, en os ou en métal, de taille variable, attachée au bout d’une cordelette. Sur le plan organologique, on le classe parmi les aérophones à air ambiant. Le jeu consiste à imprimer à la planchette une double rotation : d’une part une autorotation et d’autre part un tournoiement au bout de la cordelette. Au cours de cette double action, la cordelette se vrille dans le sens imprimé au démarrage puis, lorsqu’elle arrive à sa torsion maximale, la planchette s’immobilise une fraction de seconde, change de sens et ainsi de suite.

 

Lorsque la cordelette arrive à son point de torsion maximum (fin de a), le rhombe s'arrête un instant et change de sens (b) et ainsi de suite. Le parapluie s'inverse entre a et b.

Schéma : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Vue de dessus : décomposition de l'autorotation du rhombe.

Schéma : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

Le rhombe des Dogon (Mali)

Dans de nombreuses sociétés au mode de vie traditionnel, le son du rhombe représente la voix des esprits ou des ancêtres. Au début du XXe siècle, on l’utilisait encore en France pour chasser les oiseaux des récoltes.

 

Cette séquence est extraite du film documentaire "Sigui 1967 - 1973 - Invention de la Parole et de la Mort" de Jean Rouch et Germaine Dieterlen. C'est l'une des rares occasion de voir un rhombe africain en action dans un cadre cérémoniel car il est souvent interdit de filmer les cérémonies initiatiques. Ce film a été tourné chez les Dogon du Mali au cours d'un évènement qui se répète tous les 60 ans, le sigui. Le rhombe est appelé imina na (litt. le grand masque), un nom appartenant à la langue secrète des initiés, le sigui so.

Grâce aux dernières techniques de l'intelligence artificielle (2021), nous avons converti cet extrait de 25 à 100 images par seconde en reconstituant toutes les images manquantes et, par la même occasion, nous avons changer le format SD (Simple Définition) en HD (Haute Définition).

 

Dans cette séquence, on peut voir deux éléments propres au fonctionnement du rhombe :

  • Le tournoiement de l'objet sur lui-même.
  • Le changement d'orientation de ce que nous appelons le “parapluie”. En effet, comme un rhombe n'est jamais parfaitement symétrique, selon son sens de rotation, le parapluie est alternativement déployé en avant ou en arrière de la main du manipulateur, à la manière d'un véritable parapluie qui se retournerait sous l'action du vent.

Le rhombe des Dogon

Durée : 00:49. Vidéo : © CNC (Centre National de la Cinématographie).


Sonnailles

Les sonnailles en coquillages par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 01:45. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

Ceintures-sonnailles en cauris (Burkina Faso)

Les ceintures-sonnailles (tãgina) des danseurs de l’ethnie Gan du Burkina Faso comportent environ 700 cauris attachés par des fils de coton à une ceinture tressée dans le même matériau. Les danseurs les utilisent lors des danses de réjouissance. Les mouvements de hanches très spécifiques de la danse gan permettent aux cauris de s'entrechoquer et de produire des sonorités appréciées. Sans ceinture-sonnailles, les danseurs sont moins motivés pour danser.

 

Ceintures-sonnailles en cauris

Date & lieu : Décembre 1999 - Village de Kasetan. Gan. Burkina Faso.

Durée : 01:33 Vidéo : © Patrick Kersalé 1999-2024.

Ceintures-sonnailles en cauris des danseurs gan, tãgina.

Photo : © Patrick Kersalé 1996-2024.


Lithophones

Un lithophone en lames de silex ? par T. Clodoré-Tissot

Durée : 03:42. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Pour aller plus loin…

> Lithophones d'hier et d'aujourd'hui


 

Lithophone initiatique (Burkina Faso)

Les lithophones sont de divers types : blocs rocheux inamovibles sonnant naturellement lorsqu’on les frappe, pierres brutes ou taillées suspendues seules ou en carillon, pierres brutes ou taillées juxtaposées au sol…

Leur rôle est probablement aussi varié qu’il existe de types de pierres, du simple jeu enfantin au rituel le plus secret. Une seule chose est certaine : leur usage traditionnel se raréfie dans le monde.

Le tournage de cette séquence a été rendu possible car le village Bobo où se trouve ce lithophone est désormais christianisé. Il était auparavant utilisé lors des initiations des jeunes garçons. En dehors de ces occasions, il était interdit de le jouer.

Contrairement à ce dernier, la photo ci-dessous représente un lithophone à usage ludique sur lequel les jeunes Dogon mettent au point les rythmes complexes qu’ils joueront sur les tambours à membranes lors des fêtes et des rituels.

 

Lithophone initiatique

Date & lieu : Janvier 2003 - Village de Dentoloma. Bobo. Burkina Faso.

Durée : 01:07. Vidéo : © Patrick Kersalé 1999-2024.

Lithophone à usage ludique et initiatique

Date & lieu : Octobre 1998 - Village de Bongo. Dogon. Mali.

Photo : © Patrick Kersalé 1998-2024.



Instruments du Néolithique

Le Néolithique (autrement appelé “âge de la pierre polie” faute d'avoir d'autres ressources tangibles pour le caractériser) est une période marquée par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et les techniques de transformation des céréales qui l'accompagne, et l’élevage. Ces nouveaux modes de vie impliquent le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie, la poterie, le tissage, ainsi que le développement de l'architecture.

 

Le sifflet en argile par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 01:28. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


Sifflet

Reconstitution d’après le sifflet zoomorphe en terre cuite d’Harsova (Roumanie) daté de 4500-4000 AEC. L. 8,5 cm. Culture Chalcolithique de Gumelnita.

Musée d’Histoire Nationale et d’Archéologie de Constanta. Roumanie.

Reconstitution et photo : T. Clodoré-Tissot.

Reconstitution du sifflet globulaire de 4,7 cm de diamètre percé de trois orifices, une embouchure et deux trous de jeu, découvert sur le site d’habitat de Mramor (Macédoine), daté du Ve millénaire.

Reconstitution et photo : T. Clodoré-Tissot.


Flûte de Pan

1. La flûte de Pan

2. Jeu sur une flûte de Pan à trois tuyaux par T. Clodoré-Tissot

Durée : 00:59. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

Flûtes de Pan du monde

1. Fabrication de six sifflets en bambou, Êđê, Viêt Nam

2. Jeu en hoquet de six sifflets en bambou, Êđê, Viêt Nam

3. Flûte de Pan roumaine

Durée : 04:39. Date et lieu des séquences 1 & 2 : Mars 2002, village de Buôn Ako Dông (Viêt Nam). Lieu de la séquence 3 : Lyon.

Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

1. Fabrication de six sifflets en bambou (Êđê - Viêt Nam)

Cette séquence illustre la capacité des peuples au mode de vie traditionnel à fabriquer des instruments musicaux éphémères avec les matériaux fournis à profusion par la nature à longueur d’année. En effet, à quoi bon conserver un instrument qui ne sera pas à portée de main le moment venu ? Lorsque l’on découvre cette séquence, on pense tout d’abord que cet homme (M. Ama H’Ben) de l'ethnie Êđê du Viêt Nam est en train de fabriquer une flûte de Pan. Mais lorsque l’on découvre les femmes en train de jouer les tuyaux en hoquet, une question se pose : l’homme a-t-il commencé à jouer ce type de flûtes collectivement ou bien en solo sous sa forme “flûte de Pan” ? A cette question, il n’existe pas de réponse. On trouve, à travers le monde, des peuples jouant des flûtes de Pan, d’autres des tuyaux isolés en hoquet ou en polyphonie, d’autres encore pratiquant les deux. La flûte de Pan fait partie de ces instruments structurellement simples qui ont éclos dans l’imagination humaine en plusieurs endroits du monde sans que les Hommes se soient rencontrés. Mais c’est aussi un instrument qui a voyagé, une culture en inspirant une autre.

L’autre élément intéressant apporté par cette séquence est l’utilisation des dimensions corporelles pour déterminer la longueur relative des tubes, un procédé quasiment universel ! L’accordage final est réalisé avec de l’eau versée dans les tubes avant le jeu.

 

2. Jeu en hoquet de six sifflets en bambou (Êđê - Viêt Nam)

Cet ensemble de six flûtes à embouchure terminale en bambou est dénommé ding tut en langue êđê. Ding désigne les instruments soufflés et tut est une formule onomatopéique imitant le geste bucco-lingual relatif au jeu de cette flûte. Autrefois, on les fabriquait dans les champs avec des tiges de courges ou de riz si l’on n’avait pas de bambou. Aujourd’hui, les villageoises utilisent parfois des bouteilles plus ou moins remplies d’eau.

Comme les tuyaux sont coupés perpendiculairement sans artifice permettant de faciliter l’émission du son, les musiciennes placent le pouce et l’index de chaque côté de l’embouchure afin de mieux comprimer la lame d’air sur le biseau et ainsi augmenter la puissance sonore. Pour jouer, elles se placent en cercle face vers l’intérieur.

Autrefois, ces flûtes étaient jouées lors des funérailles (dans la maison autour du corps du défunt et sur le lieu de l’enterrement), lors des cérémonies d’abandon de la tombe, ainsi que dans les champs au début de la saison des pluies. Il était interdit de les jouer dans la maison en dehors des circonstances de funérailles et éventuellement de certaines grandes occasions. Ce tournage vidéo a été réalisé dans des conditions de reconstitution.

Les pièces musicales se réfèrent aux sons de la nature, à l’activité et à l’environnement humain, à l’extériorisation des sentiments.

 

3. Flûte de Pan roumaine (nai)

Ce type de flûte de Pan (nai, prononcer naï, signifie roseau) se rencontre en Roumanie, Moldavie, Ukraine. Il est constitué de 20 à 25 tuyaux de bambou collés entre eux selon une courbe qui épouse la rotation de la tête.

En Roumanie, le nai est devenu l’emblème musical national. Originellement instrument pastoral, il a rejoint depuis plus de deux siècles le taraf (orchestre folklorique roumain) et pris la place de soliste qui lui revient compte tenu de ses immenses possibilités techniques et musicales. Sa technologie robuste et ergonomique autorise l’interprétation de complaintes par imitation de l’expressivité de la voix humaine, mais aussi de pièces de virtuosité. Un savant jeu de lèvres permet de transformer cette flûte accordée de manière diatonique (Sol majeur) en instrument chromatique. La pièce interprétée ici est une improvisation modale.

 

Conque

La conque par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 02:25. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Conque méditerranéenne trouvée en fouille

Photo : © Tinaig Clodoré-Tissot 2010-2024.


 

Conques du monde

L’usage des conques comme outil de communication est répandu dans le monde. Cette communication est utilisée dans deux espaces :

  • Communication distante, d’un sonneur vers un individu ou un groupe
  • Communication au-delà ou avec l’au-delà, à destination d’entités spirituelles.

Cette séquence vidéo illustre cette double utilisation.

 

1. Conque dans une procession au Viêt Nam

2. Conque publique des bouddhistes tibétains

3. Conque des moines bouddhistes tibétains

Dates et lieux :

1. Janvier 2001, Phù Linh, Viêt Nam.

2. Février 2008, Kathmandu, Népal.

3. Février 2008, Bodnath, Népal.

Durée : 02:10. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


1. Conque dans une procession au Viêt Nam

Une légende Kinh raconte : « En ce temps-là, sous le règne du 6e roi Hung, partout l’ennemi incendie les villages, massacre les populations. Les roulements de tambours de guerre se mêlent aux cris des victimes. C’est alors que le roi envoie des messagers chargés de trouver le héros capable de sauver le peuple. Un jour, une femme découvre l’empreinte d’un énorme pied d’homme. Au moment où elle veut la comparer à la sienne, elle tombe enceinte et donne naissance à un enfant nommé Gióng (prononcer zông). Trois années durant, le garçonnet reste étendu sur son lit sans parler. Mais lorsque le héraut royal traverse son village, l’enfant se lève et se porte volontaire pour combattre l’ennemi. Il mange comme quatre et grandit rapidement.

Il demande alors au roi de lui faire fondre un cheval, un fouet, une armure et un casque de fer. Sur sa monture au galop, brandissant son fouet, Gióng massacre et met en déroute l’ennemi avant de s’envoler vers le ciel. »

Chaque année, pour commémorer cet événement, une procession formée de représentants de plusieurs villages se rend au temple dédié au génie. Cette procession évoque une armée vêtue de costumes aux couleurs appareillées à la fonction, à l’âge et au statut de chacun. Les fêtes de Gióng ont été inscrites en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESCO.

Différents outils sonores puissants jadis utilisés dans les processions à caractère martial sont présents : tambours divers, gong, trompe en corne de buffle et conque. L’un des objectifs est de faire le maximum de bruit pour annoncer aux villageois l’imminence du rituel.

 

2. Conque publique des bouddhistes tibétains

Le terme tibétain dung-dkar utilisé pour nommer les conques signifie littéralement “coquille blanche”.

À la fois à usage guerrier et rituel, la conque est l’un des huit attributs du dieu Vishnu et figure parmi les huit signes de bon augure du bouddhisme tibétain. Elle est le symbole du son du Dharma qui éveille les êtres du sommeil de l'ignorance et les incite à accomplir le bien à la fois pour soi-même et autrui.

Cette conque, enchâssée dans la structure de l’autel bouddhique, est à usage publique. Les croyants prient puis soufflent dans la conque. Cette pratique s’apparente à celle des hindouistes qui sonnent la cloche après chaque acte rituel au sortir des temples.

 

3. Conque des moines bouddhistes tibétains

Dans les monastères bouddhiques tibétains, les coquillages marins sont parfois richement ornementés. La coquille est gravée et l’aile de métal incrustée de pierres semi-précieuses. Le jeu des conques requiert peu de technique, c’est pourquoi elles sont confiées à de jeunes moines. Contrairement au hautbois qui est joué avec la technique du souffle continu, la continuité sonore est assurée par un jeu alterné avec tuilage : tandis qu’un moine souffle, l’autre respire et ainsi de suite.


Instruments du Calcholithique

Trompe

La Trompe en argile par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 01:13. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

Reconstitution d’après trompe en terre cuite de Rouet (Hérault)Vers 3000-2500 AEC (Néolithique final/Chalcolithique). L. 32 cm.

Reconstitution : François Moser. Photo © T. Clodoré-Tissot 2010-2024.


Tambours

La Trompe en argile par Tinaig Clodoré-Tissot

Durée : 01:13. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.

1. Le tambour biconique en argile

2. Un petit tambour en argile

par François Moser

Durée : 06:21. Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


Modelage de l’argile

Modelage d’un tambour biconique par Maxime Mirecourt

Durée : 03:05? Vidéo : © Patrick Kersalé 2010-2024.


 

Poterie par modelage (Burkina Faso)

Poterie par modelage

Date : Janvier 2000. Lieu : Village de Ouolonkoto, Burkina Faso.

Durée : 02:02. Vidéo : © Patrick Kersalé 2000-2024.


Cuisson de l’argile en meule

Cuisson de l’argile en meule par Simon Pellequer

Durée : 02:10. Vidéo : © Patrick Kersalé 2000-2024.


 

Cuisson en meule chapée (Népal)

Nous sommes ici dans le quartier des potiers de la ville de Bhaktapur dans la vallée de Kathmandu. Les artisans travaillent avec des méthodes inchangées depuis des siècles. Nous assistons à l’édification de deux meules chapées, technique caractérisée par le recouvrement des poteries, ici de la paille puis de la cendre. Il s’agit d’une seconde cuisson destinée à donner une patine noirâtre aux poteries. Pour cela, la femme frotte chaque pot avec de l’herbe.

On remarquera les évents d’oxygénation en bas de la meule. Les Newar de la vallée de Kathmandu utilisent de la poterie à usage unique pour leurs offrandes : ici de petites lampes à huile disposées en vrac aux côtés de statuettes de Bouddhas précuites.

 

Cuisson en meule chapée

Date : Février 2008. Lieu : Bhaktapur, Népal.

Durée : 03:41. Vidéo : © Patrick Kersalé 2008-2024.