Pays Viêt Nam
Année 2003
Format 4:3 -
HD
Durée 26'13"
Réalisateur Patrick Kersalé
Vidéo, photos, textes : © Patrick Kersalé 2003-2024.
En hommage à Françoise Demeure
Notre intention, à travers ce film, est de rendre hommage à un ensemble de peuples minoritaires vivant aux confins des frontières du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam, sur un territoire oublié de tous. Côté vietnamien, ils subissent une forte répression de la part du régime de Hanoi. Au nom du développement et des intérêts de l’état, on les dépouille des derniers arpents de la terre de leurs ancêtres, on les mêle à des populations exogènes, on installe les postes de police dans les villages, on contrôle, on autorise ou l’on refuse leurs déplacements pour mieux les avilir et, pense-t-on les rendre dociles. Tous les projets culturels et humanitaires venant de l’extérieur sont menacés ou interdits.
Ces peuples, de langue austronésienne et austro-asiatique, partagent à la fois une même religion traditionnelle, celle des esprits, et un même patrimoine musical, le jeu des gongs. Jusqu’à la fin des années 60, ils vivaient dans la forêt, pratiquant la culture sur brûlis et le dressage des éléphants. Leurs territoires sont ensuite devenus le théâtre de sanglants combats. Durant la guerre, la forêt a été fortement endommagée par les défoliants américains avant de subir une exploitation irraisonnée qui l’a presque totalement éradiquée. Ces évènements ont profondément bouleversé leur culture. Ils sont depuis devenus riziculteurs ou planteurs de café. Malgré cela, ils continuent de frapper les gongs, ultimes symboles de leur identité culturelle.
Mais leur identité leur échappe. Le pouvoir central vietnamien se complaît à les convoquer pour toutes sortes de manifestations culturelles et politiques, à les exhiber, à leur demander de présenter leur musique et leurs danses en dehors de leur contexte originel.
Ce film a été réalisé à la suite de deux missions de recherche et de collectage sur la musique de l'ethnie Êđê* au Viêt Nam. Des amitiés se sont nouées tant dans ce pays qu’avec la diaspora vivant en France et aux USA. Parallèlement, des missions de sauvegarde et de restitution de patrimoines immatériels collectés dans les années 1960-70 et déposées dans des fonds publics ou appartenant à des privés ont été conduites.
Compte tenu de la répression exercée par les autorités dans ces régions, les noms des personnes intervenant dans le film ont été volontairement exclus du générique de fin du film.
Les frontières politiques du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam séparent des peuples de langues austronésiennes et austro-asiatiques qui vivaient autrefois dans la forêt, pratiquant la culture sur brûlis et dressant les éléphants.
Ces populations partagent un même patrimoine instrumental : les ensembles de gongs. La musique des gongs a un pouvoir sur les esprits, pouvoir dont dépend la destinée de chacun.
Malgré la révolution communiste, la guerre et la disparition d’une grande partie de la forêt, ces peuples continuent à frapper les gongs. Mais l’esprit qui animait cette musique a changé et ces instruments sont aujourd’hui l’objet d’un tout autre pouvoir...