Pays Burkina Faso
Année 2001
Format 4:3 -
HD
Durée 47'53"
Réalisateur Patrick
Kersalé
Vidéo, photos, textes : © Patrick Kersalé 2001-2024.
Malgré la raréfaction du gibier, il existe, à travers toute l’Afrique occidentale, des confréries de chasseurs comptant en leur sein un grand nombre de membres, de tous âges et de tous horizons. Peut-être parce qu’on y enseigne droiture et discipline. Ces confréries sont des organisations humanistes où la solidarité et le partage sont la règle.
Si les apparences pourraient donner à penser qu’avec l’apparition des armes à feu, l’équilibre des forces entre le chasseur et l’animal s’est rompu, la réalité est tout autre. Certes l’animal paie de sa vie l’appétit du chasseur, mais il libère, lors de son trépas, une force à la fois vitale et vengeresse qui poursuit le tueur sa vie durant. Cette force, appelée nyama, est à la base du fondement spirituel des confréries, et les chasseurs n’ont de cesse de tenter de s’en préserver et de l’apprivoiser.
Après plusieurs missions de collectage sonore auprès d’une confrérie de chasseurs sénoufo située à l’ouest du Burkina Faso, j'ai souhaité témoigné de la vitalité et de la permanence culturelle de cette société.
Les confréries accueillent des chantres, permanents ou occasionnels, qui chantent en s’accompagnant d’une harpe-luth. Bien qu’étant de grands initiés, ils sont rarement des chasseurs, même s’ils s’habillent comme eux et détiennent les mêmes fétiches et charmes magiques. Ces chantres n’ont qu’une seule arme : leur science du verbe. Ils sont les garants de la transmission du savoir, des mythes, et ont pour rôle de louanger les meilleurs chasseurs.
Au Burkina Faso, la confrérie initiatique des chasseurs sénoufo perpétue des traditions millénaires. Elle prêche la liberté, l’égalité, la fraternité et l’entente entre tous les hommes, sans distinction de classe, de naissance, de croyance ni d’origine.
Si le fusil s’est aujourd’hui substitué à l’arc, le rapport de force existant entre l’homme et l’animal n’en a pas pour autant été rompu. Lorsqu’il expire, le gibier libère une force vengeresse, le nyama, qui poursuit le chasseur sa vie durant. Gris-gris, plantes et prières magiques, mais aussi musique, danses et pantomimes l’aideront à l’exorciser et à l’apprivoiser. Des chantres, armés de leur seule parole et de leur harpe-luth, ont la charge de transmettre la connaissance et de louanger les hommes les plus valeureux.