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Comment la guimbarde a conquis le monde

Guimbarde en bambou guat. Ethnie Oy. Laos. © P. Kersalé 1999-2025.
Guimbarde en bambou guat. Ethnie Oy. Laos. © P. Kersalé 1999-2025.

La guimbarde, un instrument universel

En Asie du Sud-Est, la guimbarde est utilisée depuis des siècles dans les rituels de séduction entre garçons et filles. Discrète et facile à dissimuler sous les vêtements ou dans une poche, cet instrument peut être emporté partout. Ces qualités ont permis à la guimbarde de se diffuser aux quatre coins du monde. Fabriquée en os, en métal ou en bambou, ses origines les plus anciennes remontent au IIIe siècle avant notre ère, en Chine. Bien que toutes ses fonctions à travers le temps et les cultures restent méconnues, il est quasi certain qu’elle a été employée pour communiquer, tant avec des entités spirituelles qu’entre humains. De nombreux témoignages ethnographiques confirment son usage sous toutes les latitudes.

 

La guimbarde, facilitatrice de liens humains

Cet instrument a joué un rôle clé dans les relations amoureuses, notamment grâce à son étonnante particularité de filtrer les consonnes. Lorsqu’on joue de la guimbarde, seules les voyelles sont audibles, les consonnes étant partiellement recréées par les vibrations de sa lame mobile. Chez les populations pratiquant des langues tonales, comme les Hmong (Chine, Viêt Nam, Laos, Thaïlande), les joueurs et joueuses de guimbarde parviennent même à reproduire les variations de tons de leur langue. Une prouesse remarquable ! Grâce à la guimbarde, des liens amoureux se sont tissés, des couples se sont formés, des enfants sont nés, contribuant ainsi à la colonisation humaine du monde.

 

Un exemple d’usage amoureux de la guimbarde

Voici un exemple poignant d’utilisation de la guimbarde dans une scène de cour d’amour parmi les jeunes garçons hmong :

« Après avoir découvert où, à l’intérieur de sa maison, dort la jeune fille qu’il souhaite courtiser, le garçon s’approche de nuit, quand toute la famille est endormie. Il apporte avec lui une natte enroulée ou une couverture. Heureusement pour les jeunes amants, les planches des murs des maisons hmong ne sont pas jointes, laissant de larges interstices. Avec discrétion et respect, le garçon convainc la jeune fille de dialoguer avec lui. Agenouillés chacun d’un côté du mur, ils entament alors une conversation. Pour la séduire, le garçon alterne entre paroles et sons de la guimbarde, utilisant ses talents de transposition phonétique et tonale. Si la jeune fille accepte de le rejoindre, elle doit impérativement retourner chez elle avant le premier chant du coq pour éviter que son escapade ne soit découverte. »

À travers cet usage ingénieux et romantique, la guimbarde montre qu’elle n’est pas seulement un instrument de musique, mais également un véritable pont entre les cœurs et les cultures. > La guimbarde en Asie


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